Commissaire de l’exposition : David Spalding
L’UCCA a le plaisir d’annoncer la première exposition de Mona Hatoum à Pékin : Measures of Entanglement. Figure marquante de l’art contemporain, l’artiste palestino-britannique, présente à cette occasion un ensemble de sculptures et d’installations réalisées depuis 2006.
« Lieu de rencontre et de dialogue entre la Chine et le reste du monde, l’UCCA inaugure une nouvelle série d’événements consacrés aux maîtres de l’art contemporain international. En choisissant Mona Hatoum pour débuter cette série, nous plaçons la barre très haut. Cette exposition sera l’occasion de lancer un fructueux débat avec le public chinois sur l’altérité et la culture de l’éphémère, concepts au cœur de l’art chinois actuel. La volonté de l’UCCA est de tenir le flambeau de la création internationale à Pékin, désormais capitale d’envergure internationale », indique Jérôme Sans, Directeur de l’UCCA.
Dans l’univers de Mona Hatoum, les objets familiers changent d’échelle et se métamorphosent au point d’acquérir une charge psychologique complexe, aussi séduisante que dangereuse. Web (2006), constellation de boules de cristal suspendue au-dessus de la grande salle de l’UCCA, attire l’œil tout en rappelant fortement le piège que tend l’araignée avec sa toile. Toutes deux créées en 2008, des râpes géantes se changent en meubles : Dormiente (un lit) et Paravent, dont les angles agressifs menacent quiconque oserait les toucher. Misbah (2006 – « lanterne », en arabe), projette dans l’obscurité un tournoyant cortège d’étoiles et de soldats. Dans Nature morte aux grenades (2006-2007), des boules aux couleurs acidulées ressemblent étrangement à des grenades à main. Assemblage d’ampoules à la lueur vibrante et de câbles électriques entortillés au sol comme autant de tentacules, Undercurrent (red) (2008) évoque une mystérieuse créature rampante, douée d’un pouvoir malfaisant.
« Le premier abord avec une œuvre d’art est d’ordre physique, explique Mona Hatoum. J’aime que mon travail agisse à la fois sur les sens et sur l’intellect. Les significations, connotations et associations viennent après ce contact physique. C’est alors que fusent les idées et l’imagination. »
L’exposition comporte aussi des œuvres vidéo, plus anciennes. Measures of Distance (1988) évoque avec un lyrisme des plus émouvants la séparation de l’artiste avec sa mère, due à la guerre civile qui a éclaté à Beyrouth en 1975. Le public découvre aussi l’enregistrement de Roadworks (1985), performance réalisée en public, ainsi qu’une exceptionnelle série d’œuvres sur papier.
« Mona Hatoum a un don extraordinaire qui transcende les frontières culturelles : celui de dévoiler le côté étrange de notre quotidien, explique David Spalding, conservateur de l’UCCA. Avec des matériaux simples et harmonieusement assemblés, mais qui engendrent pourtant de terribles associations, elle crée une ambivalence propre à stimuler l’imagination. Afin que le visiteur appréhende toute la complexe créativité de l’artiste, nous présenterons non seulement des sculptures de Mona Hatoum, mais aussi des œuvres vidéo. Cette manifestation constitue une étape importante en matière d’exposition de l’art contemporain en Chine. »
L’artiste
Mona Hatoum, née en 1952 à Beyrouth, vit entre Londres et Berlin. Depuis plus de vingt-cinq ans, elle élabore une œuvre poétique et exigeante exprimée via des médias divers et souvent non conventionnels : installations, sculpture, vidéo, photographie ou supports papier.
Sa carrière commence dans les années 1980 par des performances où le corps joue un rôle d’une intensité viscérale. À partir du début des années 1990, son œuvre évolue vers des installations de vastes dimensions, visant à susciter chez le spectateur des émotions antagonistes : désir et répulsion, peur et fascination. Dans ces singulières sculptures, elle métamorphose des objets banals et familiers de notre quotidien – chaises, lits d’enfant, ustensiles de cuisine – en êtres mystérieux et inquiétants. Il en résulte des œuvres dont le langage minimaliste, associé à un sens de l’humour surréaliste, fait réagir le spectateur tant sur le plan émotionnel qu’intellectuel.
Les plus grands musées ou centres d’art du monde ont consacré des expositions individuelles à Mona Hatoum : Centre Pompidou, Paris (1994), Museum of Contemporary Art, Chicago (1997), New Museum of Contemporary Art, New York (1998), Castello di Rivoli, Turin (1999), Tate Britain, Londres (2000), Hamburger Kunsthalle, Hambourg, Kunstmuseum, Bonn, Magasin 3, Stockholm (2004), Museum of Contemporary Art, Sydney (2005). L’artiste a également participé à de nombreuses manifestations collectives : prix Turner, Londres (1995), Biennale de Venise (1995 et 2005), Documenta 11, Cassel (2002) et Biennale de Sydney (2006). En 2004, Mona Hatoum a reçu le prestigieux prix Sonning pour sa contribution majeure à la culture européenne, ainsi que le prix Roswitha Haftmann, décerné chaque année à un artiste contemporain. La fondation Querini Stampalia va lui consacrer une exposition personnelle, dans le cadre de la prochaine Biennale de Venise (2009).
Animations et programmes éducatifs
L’UCCA organise des animations et des programmes éducatifs destinés à jeter des ponts entre les arts, les idées et les publics de tous âges. Proposées en parallèle avec l’exposition Mona Hatoum, ces actions viseront à mieux faire comprendre les questions que soulève l’œuvre dynamique de l’artiste.
Familles et enfants
Ateliers : La vie secrète des objets, série d’ateliers organisés le week-end à l’intention des familles et enfants chinois et britanniques. À partir d’objets du quotidien, les participants créeront des associations, puis des sculptures fantastiques, et inventeront des histoires sur leurs usages possibles. Ce programme est organisé en collaboration avec le Palais des enfants de Pékin.
Visites scolaires : des visites de l’exposition, spécialement conçues pour les enfants, seront programmées pour les écoles pékinoises.
Projections
Pendant la durée de l’exposition, nous projetterons en fin de journée une série de films (en anglais sous-titré en chinois) ayant influencé et inspiré les œuvres de Mona Hatoum.