En parallèle de la commémoration nationale de l’abolition de l’esclavage, dimanche 10 mai à Bordeaux, le Musée d’Aquitaine crée l’événement avec l’ouverture le même jour, d’un nouvel espace permanent de 4 nouvelles salles sur 750 m², consacrées au thème « Bordeaux, le commerce atlantique et l’esclavage ».
Autour des questions actuelles de diversité et de métissage, François Hubert, directeur du Musée d’Aquitaine a choisi de traiter le thème « Bordeaux, le commerce atlantique et l’esclavage » dans sa globalité, du XVIIIe siècle à l’époque contemporaine, lorsque les traces matérielles en France et en Europe sur le sujet étaient particulièrement rares.
Le nouvel espace s’articule autour de l’histoire de Bordeaux, ville portuaire et porte océane, du commerce négrier, des conditions de vie des esclaves dans les îles à sucres et de l’héritage de cette période : le racisme mais aussi les métissages et les nouveaux enjeux de la diversité dans la société.
Le Musée d’Aquitaine, qui conserve le fonds Châtillon extrêmement riche en gravures sur les Antilles, évoque pour la première fois chaque thème avec de nombreux documents iconographiques de grand intérêt documentaire, associés à des textes de témoignages. Outre les gravures, fil conducteur de l’exposition, le Musée d’Aquitaine conserve également des objets issus des civilisations des Caraïbes ou de l’Afrique, des « objets de contact » qui, de manière directe ou indirecte, évoqueront la spécificité de ces civilisations et témoigneront de la difficile rencontre de l’autre. Cartographies et éléments audiovisuels complèteront le parcours didactique et des images de synthèse donneront une dimension plus émotionnelle à l’exposition. La question contemporaine sur les métissages et la diversité, sera notamment traitée à travers le regard de deux artistes photographes bordelais et accompagnée par une création sonore.
Plus qu’un nouvel espace, c’est un véritable parcours que propose le Musée d’Aquitaine pour permettre aux visiteurs de comprendre pourquoi certains préjugés contemporains et les débats qu’ils suscitent, sont nés dans ce siècle paradoxal où l’Europe pratiquait l’esclavage, tout en donnant naissance aux idées des Lumières.
Bordeaux se souvient
Depuis plusieurs années, Bordeaux a initié de nombreuses actions dans le cadre d’un travail de mémoire.
1999 : exposition « Regards sur les Antilles » présentée au Musée d’Aquitaine (legs de Maurice Chatillon). Une salle du musée est, depuis lors, consacrée à ce thème.
Mars 2003 : décision du Conseil municipal de Bordeaux de donner le nom de Toussaint Louverture à un square situé dans le quartier de La Bastide.
Avril 2003 : pose d’une plaque commémorative à la mémoire d’Isaac Louverture, fils de Toussaint Louverture, sur l’immeuble du 44 rue Fondaudège, dernier domicile d’Isaac Louverture qui est enterré au cimetière de La Chartreuse à Bordeaux.
10 juin 2005 : inauguration d’un buste de Toussaint Louverture en présence de Magali Comeau Denis, ministre de la culture et de la communication de la République d’Haïti.
18 juillet 2005 : lancement du Comité de réflexion et de propositions sur la Traite des Noirs à Bordeaux, présidé par l’écrivain Denis Tillinac.
24 septembre 2005 : création du Comité bordelais de veille et d’action contre les discriminations et pour l’égalité (COBADE).
10 mai 2006 : première journée de commémoration nationale - remise du rapport officiel du Comité Tillinac – dévoilement d’une plaque commémorative sur les quais de Bordeaux.