En réunissant plus de 200 oeuvres d’art exceptionnelles – pour la plupart jamais présentées au public – provenant de grandes collections privées et publiques européennes, le musée d’Aquitaine propose une lecture originale de la création africaine. Son rapport à l’invisible, révélateur d’une vision du monde singulière, est indispensable pour comprendre et découvrir les richesses passées et présentes des cultures du continent africain.
A la suite de la réouverture de ses salles XVIIIe consacrées aux rapports historiques de la ville de Bordeaux et de sa région avec l’Afrique, le musée d’Aquitaine renoue avec des expositions dédiées à l’art africain ( « Mauritanie, Terre des Hommes », 1993, « L’Esprit de la Forêt. Terres du Gabon », 1997).
L’exposition propose une vision générale de la création matérielle traditionnelle du continent africain envisagée comme une mise en forme de l’invisible. C’est principalement à travers les masques, la statuaire et les accessoires de magie ou de divination que sont évoquées ces relations à l’invisible ainsi que les corrélations particulières qu’elles manifestent entre les entités qui peuplent le monde.
Un premier espace couvre les principales aires culturelles de production des masques. Il présente des ensembles complets de masques avec costumes exceptionnels. Le deuxième espace évoque la spécificité de la statuaire africaine également perçue comme agent de communication avec l’invisible (esprits, entités, ancêtres, doubles, jumeaux…) dont l’expression semble relever d’une sphère plus confidentielle qui se manifeste entre autres au travers de rituels de protection ou de guérison davantage individuels que collectifs. Le dernier espace traite de différents accessoires (boîtes, paniers, plateaux, figurines, cloches, talismans, agrégats…) qui, entre les mains des praticiens (devins, guérisseurs, prêtres…) permettent le contact avec l’invisible et restent des instruments énigmatiques dont la force opératoire est révélatrice, de la même façon que pour les masques ou la statuaire, d’une vision analogiste du monde présente dans toute l’Afrique de l’Ouest. Des images traditionnelles ou contemporaines illustrent également cette dernière partie.
L’authenticité, la représentativité et le caractère inédit des oeuvres ont guidé le choix des objets provenant de musées français et européens (Quai Branly, Tervuren, Neuchâtel, Dapper) et de collectionneurs privés qui ont consenti des prêts exceptionnels au musée d’Aquitaine.