Cet hiver, le MAGASIN accueillera l'exposition monographique de l'artiste allemand Anselm Reyle, réalisée en collaboration avec les Deichtorhallen de Hamburg, Allemagne. L’espace des galeries rassemblera des œuvres existantes et constitueront une vue d’ensemble du travail d’Anselm Reyle tandis que l’espace monumental sous verrière du MAGASIN, «la Rue», sera le lieu d'une pièce spécifique réalisée pour l’occasion.
Certaines œuvres qui seront exposées dans les galeries du MAGASIN sont actuellement montrées aux Deichtorhallen de Hambourg jusqu’au 27 janvier 2013, pour l’exposition Anselm Reyle - Mystic Silver.
L’utilisation répétitive de certains motifs et matériaux est un trait caractéristique du travail d’Anselm Reyle. Il exploite différents médias allant de la peinture à la sculpture en passant par l'installation et travaille à partir d'objets trouvés qu'il détourne de leur usage premier. L'univers artistique d’Anselm Reyle est lumineux et coloré. Il joue avec les matières et les textures, les couleurs et les effets métalliques. Il assemble pâtes, miroirs, paillettes et vernis acryliques aux couleurs fluorescentes et revisite ainsi les codes du kitsch et du décoratif.
Anselm Reyle s’intéresse aux propriétés et caractéristiques du «cliché» particulièrement pour sa capacité à émouvoir et toucher le spectateur. S’inspirant des coloriages numérotés pour représenter des images kitsch de chiots, de dauphins jaillissant hors de l’eau ou de chevaux sur fond de soleil couchant, Anselm Reyle joue avec l’imagerie issue du monde de l’enfance. Chaque numéro se réfère à une couleur ou une texture particulière qu’il assemble volontairement avec discordance. Ces combinaisons de couleurs et de textures dissonantes sont réalisées avec des chutes d ́aluminium froissées ou déchiquetées, des tubes de néons, des éclaboussures colorées et des laques dans des cadres classiques. Anselm Reyle ne cherche pas des couleurs et des textures qui se complètent et s’assemblent harmonieusement. Au contraire, il démarre par la discordance pour créer de l’harmonie.
L’effet scintillant et brillant de ses «peintures aluminium», du film argenté plissé, disposé dans des boîtes en plexiglas coloré, souligné par le contraste entre la fragilité du film argenté et la rigidité des boîtes en plexiglas, attire l’oeil du visiteur. Le miroitement stimule le sens du toucher, alors que les boîtes empêchent toute possibilité d'expérience tactile.
Une des caractéristiques fondamentales du travail de Anselm Reyle est l'utilisation d’objets trouvés divers qu’il détourne de leur fonction originale, altère visuellement et recontextualise. Il a appliqué ce procédé avec des objets issus du monde agricole : des roues de chariot, des charrettes de foin, des charrues et des bottes de foin, qu'il «défamiliarise» complètement par une simple intervention, telle que l'utilisation d’un gloss chromé, de néon ou de peinture en spray pour glorifier artificiellement ces objets communs.
En appliquant finitions brillantes et ostentatoires aux objets communs, Anselm Reyle défient leur fonction utilitaire et déterminée en leur donnant une nouvelle valeur commerciale.
Anselm Reyle a été impliqué dans plusieurs projets collaboratifs ces dernières années, comme celui qu'il a mené avec le fabricant de porcelaine traditionnel allemand Meissen. Pendant un tour des ateliers, Anselm Reyle remarque que des pièces défectueuses sont retirées avant cuisson et jetées. Il pense alors cuire et vitrifié cette porcelaine défectueuse encore moite, cette forme de déchet se situant ainsi en opposition à la qualité immaculée de la porcelaine, évocatrice pour lui d'une image stéréotypée de la vie bourgeoise. Anselm Reyle a décidé ensuite de présenter ces objets dans des vitrines en verre - à la manière d’un musée classique.
Dans son travail, Anselm Reyle détourne les références de l ́histoire de l ́art. Il mélange l'influence des écoles historiques d'abstraction du début du XXème siècle avec le vocabulaire évolutif des nouvelles pratiques industrielles et des méthodes de fabrication en série. Son travail démolit toute distinction hiérarchique qui pourrait exister entre différentes cultures, l'histoire de l'art, la musique et l'architecture. En associant des objets communs à du matériel scintillant, son travail porte le témoignage de notre temps et de notre culture de consommation.