Pour sa 23ème édition, le Festival International des Jardins de Chaumont-sur-Loire a invité concepteurs et paysagistes du monde entier à évoquer les jardins des péchés capitaux. Cette année encore, parmi près de 300 projets venus du monde entier, une vingtaine de jardins a été sélectionnée par un jury présidé par le claveciniste et chef d’orchestre de renommée internatioanle William Christie.
Par ailleurs, plusieurs invités recevront “carte verte”, comme Betty Bui, le paysagiste Marc Nucera, Jean-Philippe Poirée-Ville ou encore Camille Muller et Takano Fumiaki.
Et si tout naturellement le jardin appelait un hédonisme sans entraves, une tentation née d’un éden perdu, une soif de connaissance et de dépense ? Espace magique invoquant pour s’épanouir la règle que l’on peut subvertir et la liberté qui pour vivre connaît ses limites, il sera à Chaumont-sur-Loire en 2014 l’expression capiteuse des péchés capitaux, un festival de débordements et de retenues, le témoignage brillant de ce qu’est la dualité des élans et des caractères. Les jardins célèbreront une alchimie qui ne saurait être impeccable, c’est-à-dire sans péchés, mais, selon Valéry, “la perfection du juste”. Qu’en est-il, en effet, de la gourmandise et de l’orgueil au jardin? De la paresse et de la sensualité ? De la colère et de l’envie ? La gourmandise ne peut- elle être un péché mignon, l’emportement une sainte colère, l’orgueil un péché de jeunesse, le repos de la paresse “un charme secret de l’âme” pour La Rochefoucauld et les jardins luxuriants, “cause de génération”, selon Léonard de Vinci ?
L’avarice certes n’a pas bonne réputation mais le mot vient du latin “avere” qui signifie “désirer vivement”. N’est-elle pas la sœur ingrate de la prodigalité ?
Les jardins de l’édition 2014 évoquent autant les travers et les outrances de notre époque que l’univers libre et léger des jardins éternels. Parfums capiteux, audaces végétales, excès divers et variés, les avers et revers de ces “péchés” véniels ou majeurs d’hier et d’aujourd’hui sont évoqués avec subtilité, et ont donné des ailes à l’imagination des concepteurs, qui, sans se départir de l’humour coutumier de Chaumont-sur-Loire, sauront entraîner le visiteur dans une joyeuse méditation sur des motifs éternels, source inépuisable d’inspiration des artistes.