Le projet « rêvolutions » de l’artiste Céleste Boursier-Mougenot, accompagné par la commissaire d’exposition Emma Lavigne, représente la France à la 56e Biennale internationale d’art de Venise.
Le projet rêvolutions
Le Pavillon français de la Biennale de Venise est ouvert aux éléments, évoquant au sein des Giardini, les « folies » des parcs romantiques du XVIIIème siècle. Il devient le théâtre d’une apparition et se transforme en un écosystème expérimental révélant un état de nature inédit. Sous la verrière envolée du pavillon et dans les allées arborées, Céleste Boursier-Mougenot déploie la chorégraphie alchimiste de trois arbres mobiles, qui se déplacent lentement en fonction de leur métabolisme, des variations du flux de leur sève, de leur sensibilité aux passages de l’ombre à la lumière. Ces chimères, hybridation de la machine et de la nature, sont sous-tendues par une vision animiste des arbres. Du Songe de Poliphile, l’énigmatique roman de Francesco Colonna à la Dysphylaxie, nouvelle de Primo Lévi, elles les métamorphosent en êtres transhumant, déterminés et échappant soudain à leur condition d’êtres fixés au sol. Tout en ravivant l’aspiration au merveilleux et à l’émerveillement des jardins maniéristes italiens, l’œuvre de Céleste Boursier-Mougenot laisse transparaître une dimension politique qui la sous-tend. Il s’agit de s’emparer des systèmes de contrôle des êtres vivants et de leurs déplacements, pour composer une œuvre poétique où l’humain sensible peut habiter des espaces de liberté et de beauté déviante. Bordé par les arbres alentour dont le bruissement électrique engendre un environnement sonore à partir du courant différentiel basse tension capté en direct, le Pavillon français se transforme en un théâtre ouvert. C’est un refuge au sein duquel le visiteur trouve un endroit où se reposer, où se laisser flotter en prenant place sur « les marches » en hémicycle, qui imitent le motif du péristyle mais se révèlent souples au corps, dans un continuum harmonique, qui invite au rêve et à la réflexion.