Première monographie consacrée en France à l’artiste peintre américaine Georgia O’Keeffe, l’exposition programmée cet automne au musée de Grenoble constitue un événement exceptionnel. Réalisée avec la participation de la Fondation O’Keeffe de Santa Fe (Nouveau Mexique, Etats-Unis) et le soutien du réseau franco-américain de musées FRAME, elle retrace la carrière d’une icône de l’art américain aussi célèbre aux Etats-Unis que Jackson Pollock. Celle-ci se développe sur plus d’un demi-siècle, des débuts du modernisme américain à l’abstraction des années 1960. De ses premières créations à New York à son installation au Nouveau Mexique en 1949, O’Keeffe fut fortement influencée par la photographie moderne. L’exposition fera ainsi dialoguer ses peintures avec les images de ses amis photographes et formera, un ensemble total de 80 œuvres issu de quinze prestigieux musées américains mais également de grandes institutions allemandes, espagnoles et françaises.
Georgia O’Keeffe occupe une place singulière dans le contexte de l’art améri- cain. Ses peintures, reconnaissables entre toutes, se distinguent par leur im- médiateté, la sensualité de leurs couleurs et la clarté de motifs qui s’imposent, avec insistance, à la mémoire. La force de ces images, qui viennent question- ner le visible, tient au trouble créé par des formes énigmatiques oscillant sou- vent entre abstraction et figuration. Abandonnant l’abstraction organique de ses débuts, l’artiste se fait connaître, dans les années 1920, par des pein- tures de fleurs et de buildings au réalisme photographique. Elle assimile alors l’esthétique précisionniste des peintres du cercle de Stieglitz – Arthur Dove, John Marin, Charles Demuth et Marsden Hartley, pour ensuite donner corps à un répertoire formel unique, profondément marqué par sa vie dans le désert du Nouveau Mexique. A partir des années 1960, en communion spirituelle avec son environnement du Sud-Ouest, O’Keeffe peint des compositions abstraites, dont la pureté formelle et la sensualité des tons se font l’écho des travaux de Mark Rothko, Ellsworth Kelly ou Agnes Martin.