Pourquoi réunir le temps d'une exposition Ferdinand Hodler, Claude Monet et Edvard Munch ? Parce que ce sont des peintres essentiels de la modernité européenne, entre impressionnisme, post-impressionnisme et symbolisme. Parce que leurs œuvres s'avancent dans le XXème siècle – jusqu'en 1918 pour Hodler, 1926 pour Monet et 1944 pour Munch - et qu'elles ont exercé une influence déterminante dans l'histoire de l'art. Mais, plus encore, parce qu'ils ont tous les trois affronté des questions de peinture en apparence insurmontables, avec la même constance et au risque d'être incompris. Comment peindre de face l'éclat éblouissant du soleil, avec de simples couleurs sur une simple toile? Comment peindre la neige ? Comment suggérer les mouvements et variations de la lumière sur l'eau ou sur le tronc d'un arbre, malgré l'immobilité de la peinture ?
« J’ai repris encore des choses impossibles à faire : de l’eau avec de l’herbe qui ondule dans le fond… c’est admirable à voir, mais c’est à rendre fou de vouloir faire ça.» Ces mots sont de Monet, mais ils pourraient être ceux du peintre qui, jusqu'à sa mort, s'obstine à étudier l'horizon des Alpes depuis sa terrasse, de l'aube au crépuscule – Hodler. Ou de celui qui revient inlassablement – jusqu'à la dépression- sur les mêmes motifs colorés, une maison rouge, des marins dans la neige, le couchant – Munch. Tous trois ont mis la peinture à l'épreuve de l'impossible.
Commissariat : Philippe Dagen, Critique et historien de l'art