Luc Tuymans (Anvers, 1958) est l’un des artistes les plus influents de la scène artistique contemporaine et sa contribution au renouveau de la peinture dans les années 1990 a été unanimement saluée. Pourtant, lors de ses études au Sint-Lukas Instituut de Bruxelles, à l’École nationale supérieure des arts visuels de la Cambre puis à l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers, s’il expérimente bien la peinture et la gravure, il se passionne surtout pour l’immédiateté des techniques photographiques et cinématographiques.
Entre 1980 et 1985, il s’investit donc dans l’écriture scénaristique et tourne plusieurs courts métrages. Son amour pour la peinture refait surface après 1985. Dès lors, Luc Tuymans ne cesse plus de peindre, s’appuyant sur un répertoire personnel d’images-sources provenant le plus souvent de photographies personnelles ou de photographies d’actualité prélevées dans la presse (journaux ou magazines) ou sur les écrans (télévision ou ordinateur), et rephotographiées ensuite au Polaroid ou au smartphone.
« Dès mes débuts, j’ai eu cette idée que je qualifierais de “falsification authentique”, c’est-à- dire l’idée de faire non pas des choses nouvelles, mais de travailler des images qui existent déjà dans la mémoire collective et que chacun s’approprie. C’est ce qui rend la peinture contemporaine. En fait, la contemporanéité traite de la substance du document, en le revitalisant. »
Aussi, si ses toiles figuratives, images fantomatiques aux tons pastel et à la palette réduite, abordent des faits historiques ou contemporains tels que la Seconde Guerre mondiale, le passé colonial belge, l’autorité religieuse, la puissance des entreprises, la maltraitance des enfants ou la téléréalité, sa pratique artistique s’apparente, elle, aux possibilités qu’il se donne de digérer l’ensemble des images que le réel, les médias ou notre civilisation produisent, de les dissoudre pour mieux les restituer au regard comme des archives ou des souvenirs devenus vagues et un peu flous, à l’instar de fantômes ou de spectres.
À la suite de l’exposition que lui a consacrée le Centre de la gravure et de l’image imprimée de La Louvière, dans le cadre de Mons 2015 Capitale Européenne de la Culture, l’exposition programmée par le LaM à l’automne 2016 partira de ce corpus d’images imprimées pour mieux révéler l’ampleur de ses expérimentations et les cheminements mentaux qui parcourent la réalisation d’une œuvre, de l’image source à ses différents possibles : dessin au crayon, aquarelle, estampe ou tableau...