Pour cette exposition intitulée « Black whole for whales », Daniel Firman, installé depuis deux ans à Bordeaux, s’empare de la Base sous-marine, l’appréhendant comme « une architecture-paysage dé-mesurante ». Il en fait un élément socle dans sa réflexion et l’utilise comme support physique pour ses oeuvres. L’artiste présente trois oeuvres monumentales et inédites prenant place dans trois espaces distincts de la Base, trois expériences à part entière.

À l’extérieur, sur la façade est du bâtiment, il installe un néon de 60 m de long, Something Strange Happened Here, conçu spécialement aux dimensions du lieu. Il compose, grâce à un néon 1820 violet, une synchronisation visuelle avec le spectre naturel des couleurs et lumières si particulières du Sud-ouest, en été, au lever et coucher du soleil.

La Base sous-marine devient le support interrogatif de son paysage urbain. Le néon sera activé le 2 juillet à l’occasion du week-end inaugural de la saison culturelle «paysages bordeaux 2017» célébrant l’arrivée de la LGV.

La seconde oeuvre, une installation sonore donnant son titre à l’exposition « Black whole for whales » se présente sans doute comme la plus audacieuse. Daniel Firman choisit de n’ajouter ni forme visuelle et plastique, ni éclairage, et de laisser entièrement brut les espaces des bassins pour en renforcer la puissance ténébreuse et donner davantage de profondeur à la couleur noire de ses eaux. Le paysage sonore, créé à partir de chants de baleines combinés à des notes jouées par un quatuor à cordes, occupe la totalité de l’espace.

Les chants de baleine entraînent le spectateur vers la troisième oeuvre de l’exposition, se muant progressivement en une composition musicale écrite. Le spectateur découvre alors une sculpture/spectacle/exposition « Suspended chord ».

Ainsi, ces trois oeuvres monumentales, imaginées spécialement pour la Base sous-marine de Bordeaux, offrent une exposition traduisant la diversité des médiums que Daniel Firman a toujours utilisés dans sa pratique : le mot, le son, la sculpture. Il joue de la relation à l’émotionnel et de l’implication physique du spectateur dans la lecture de l’oeuvre.