Artiste « responsable, novateur et critique » au parcours exceptionnel, instigateur et témoin principal de la mondialisation de l’art arabe contemporain depuis les années 80, Mohammed Kacimi fait l’objet d’une grande exposition au Mucem.
Mohammed Kacimi est sans doute l’un des plus importants plasticiens marocains d’après-guerre. D’une tradition classique et linéaire aux rebonds de modernités nouvelles qui irriguent aujourd’hui les scènes artistiques arabes et européennes et s’interpénètrent on retrouve un peu partout en Méditerranée, des « passeurs » tels Kacimi, aujourd’hui identifiables avec le léger recul historique qui est le nôtre.
« Nous vivons une espèce de déchirure entre une modernité latente et une tradition qui persiste... », concluait-il ainsi un long entretien avec Abdellatif Laabi. Et, il lui a ainsi fallu en passer par là, ouvrir des portes, les tester, les refermer ou les intégrer dans son travail pour arriver à ce qui était enfoui profondément en lui : la culture de son continent et les nouvelles libertés que lui offrait l’art africain.
Cette exposition s’inscrit dans une démarche que souhaite initier le Mucem autour d’artistes méditerranéens choisis pour le rôle déterminant joué par chacun ayant permis aux générations suivantes de sauter le pas vers une contemporanéité nouvelle et universelle, nourrie par ses ancrages culturels. Outre ce qu’a représenté d’essentiel et de libérateur l’appel de l’Afrique pour cet artiste, l’exposition met aussi en évidence l’inspiration avec laquelle Mohammed Kacimi, par sa modernité, la construction de sa liberté et sa spécificité artistique, a conduit à une transition notable dans l’art méditerranéen.