Avec : Aderemi Adegbite, Shishir Bhattacharjee, Biquini Wax, Chelsea Culprit, Ndidi Dike, Ema Edosio, Kadara Enyeasi, Falz, Dex Fernandez, Dina Gadia, Ha.Mü, Amir Kamand, Farrokh Madhavi, Maine Magno, Pow Martinez, Leeroy New, Emeka Ogboh, Wura-Natasha Ogunji, Adeola Olagunju, Ashfika Rahman, Mahbubur Rahman, Fernando Palma Rodriguez, John Jayvee del Rosario, Barbara Sanchez-Kane, Mamali Shafahi, Reza Shafahi, Justin Shoulder, Mohammad Shoyeb, Manuel Solano, Newsha Tavakolian, Stephen Tayo, Tercerunquinto, Timmy Harn, Traición Maria, Jeona Zoleta Zombra... + Lulu (Chris Sharp, Martin Soto Climent et leurs artistes)
Plasticiens, créateurs, fashion designers, bidouilleurs, tatoueurs, musiciens : une cinquantaine d’artistes investiront le Palais de Tokyo et seront présentés sans aucun regroupement géographique, la plupart du temps avec des nouvelles productions et des interventions in situ. L’exposition sera présentée comme une ville imaginaire, multiple et complexe, décloisonnée, bordélique, foudroyante et créative : un laboratoire imprévisible, toujours en mouvement et en (re)construction.
Cimaises brutes et vertigineuses, passages mystérieux, zones lumineuses ou opaques, backrooms et guet-apens : le dispositif de présentation est conceptualisé par l’architecte Olivier Goethals suivant les rythmes du jour et de la nuit, de la profusion et du désaturé, alternant des zones monographiques et des territoires de rencontres. Il élabore un parcours architectural qui révèle et accentue les lignes de forces du bâtiment du Palais de Tokyo envisagé ici comme un immense lieu-commun, ces « lieux où des pensées du monde rencontrent des pensées du monde. » (1)
Le mot des commissaires
Entre gratte-ciels et cahutes, urgence et patience, les mégapoles connaissent une expansion chaotique, mêlant les transferts de capitaux aux connexions technologiques dans les centres financiers, ce qui génère des marges citadines porteuses de nombreuses inégalités. Ce vaste mouvement désordonné transforme les cités en un chantier incessant, propice à la dérive des imaginaires. Les artistes qui émergent sont alors les flâneurs du XXIe siècle, les hackers de nos réponses au milieu urbain trop souvent fonctionnelles et standardisées.
DACCA, LAGOS, MANILLE, MEXICO et TÉHÉRAN : Autant d’archi-villes rhizomatiques choisies subjectivement, guidés par notre curiosité du moment. Les cinq sont l’expression d’un tissu de contradictions, à l’image du trafic routier saturé qui coexiste avec les réseaux numériques censés fonctionner avec fluidité. D’évidence, ces mégapoles sont aussi très différentes les unes des autres. Leur singularité culturelle, politique et sociale se charge de multiples récits qui sont autant de chemins de traverse pour appréhender leur identité dépourvue de toute dimension univoque.
Spoiler : ces mégapoles ne sont pas le sujet de l’exposition Prince.sse.s des villes. Elles sont un contexte de recherche, un terrain de jeu, où les créateurs samplent les multiples couches qui la constituent pour en extraire une hybridation démesurée, en constante métamorphose.
Depuis la première édition du Dhaka Art Summit en 2012, la capitale du Bangladesh a su retenir l’attention du monde de l’art international. Mais il fallait chercher sa vitalité en dehors de cet évènement bisannuel et voir comment s’organise une scène artistique en l’absence notamment de toute galerie. De ce point de vue, DACCA étonne par sa puissance feutrée. Les artistes y développent des lieux indépendants et militants, où s’invitent leurs amis à la dérobée. Ils sont conscients de la fragilité de certaines traditions folkloriques, à l’image des nombreux rickshaws dont les peintures artisanales disparaissent au profit d’impressions numériques, face aux berlines de l’entreprise de transport Uber. Ainsi, les artistes cherchent à documenter une mémoire qui vacille parfois et élaborent des dispositifs où l’emprise de l’histoire connaît des inflexions propres à l’onirisme.
Communiqué de presse complet en téléchargement.
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(1) Edouard Glissant, in La Cohée du Lamentin, Poétique V, Gallimard, 2005