WRIGHT MORRIS - L'ESSENCE DE L'INVISIBLE
Écrivain respecté aux États-Unis, l’américain Wright Morris (1910-1998) innove lorsqu’il entreprend ses campagnes photographiques, cherchant très tôt à « capturer l’essence du visible ». La Fondation Henri Cartier-Bresson propose pour la première fois en France, sa double vision photographique et littéraire de l’Amérique.
Wright Morris passe son enfance balloté entre le Nebraska, Chicago, les fermes de ses oncles et de longs périples à travers l’Amérique avec son père. À 23 ans, il voyage en Europe et décide, à son retour, de se consacrer pleinement à l’écriture. Il réalise rapidement que la photographie pourrait saisir ce qu’il tentait jusque-là de « capturer avec des mots ». Cette recherche formelle donnera naissance à son premier « photo-texte », The Inhabitants (1946), dans lequel les textes de fiction sont combinés à des photographies principalement réalisées dans le Nebraska, où il puise ses racines.
À la différence de ses fictions souvent centrées sur des personnages flamboyants, ses photographies ne montrent quasiment jamais personne. Pourtant beaucoup de vie transpire entre les chaises (omniprésentes), les miroirs, les voitures ou même les architectures de bois (fondamentales). Les photographies de Wright Morris sont comme enracinées dans le territoire, habitées d’une simplicité désarmante tout en conservant un caractère énigmatique, celui des lieux et des objets dans leur nudité qu’aucune personne n’anime.
HENRI CARTIER-BRESSON - PÉRÉGRINATIONS, EUROPE, 1930-1936
Dans la galerie dédiée à ses Collections, la Fondation HCB consacre une deuxième exposition aux pérégrinations européennes du jeune Henri Cartier-Bresson, entre 1930 et 1933.
«Au cours de nos voyages en voiture dans toute l’Europe ou de nos divagations dans Paris, j’ai vu naître le plus grand photographe des temps modernes par une sorte d’activité spontanée, une espèce de jeu d’abord, qui s’était imposé à ce jeune peintre comme à d’autres jeunes gens s’impose la poésie. Nullement par souci d’en faire l’objet d’une profitable carrière, car aux deux petits-bourgeois à peine sortis de l’adolescence et difficilement échappés aux règles de la « bonne société » que nous étions lui et moi, les mots de carrière et même de métier n’inspiraient qu’une forte envie de vomir !»
André Pieyre de Mandiargues