La photographie et son histoire n’ont jamais été interrogées que d’un point de vue dénaturé par la peinture ou, plus largement, par les arts graphiques. « La Fabrique des illusions » propose de penser autrement les origines de ce médium, notamment dans ses relations avec le théâtre et les arts de la scène. La photographie
« orientaliste » peut être le lieu particulier de cette nécessaire remise à plat ; cette dernière ayant toujours fonctionné sur le mode de la simulation.
Au XIXe siècle, photographie et théâtre installent de nouveaux modes de représentation. C’est l’époque où s’invente le « spectacle oculaire », un complexe scénographique à effets spéciaux, conglomérat d’images nouvelles.
La mise en perspective du photographique dans l’ensemble des spectacles visuels au XIXe siècle, le théâtre en particulier, relève de codes communs et de références comprises par tous. Ce que l’on recherche avant tout, c’est l’illusion de la vie, incarnée au mieux par la scène et ses effets. La photographie est un espace théâtral.
« La Fabrique des illusions » confronte les photographies « orientalistes » de la collection Fouad Debbas à des œuvres de dix artistes contemporains
internationaux : Mac Adams, Nadim Asfar, Vartan Avakian, Elina Brotherus, Daniele Genadry, Randa Mirza, Louis Quail, Angélique Stehli, Wiktoria Wojciechowska, et Ali Zanjani.
Depuis les années 1970, la photographie contemporaine offre une alternative à l’illusion. Elle sait en jouer pour mieux en démonter ses ruses. L’enjeu de cette exposition réside ainsi dans la confrontation entre beauté trompeuse et mentir-vrai.
De fait, « La Fabrique des illusions » esquisse le tableau d’une autre histoire de la photographie, contradictoire et, somme toute, illégitime.