Parangon d’artiste « brut » pour l’entourage de Dubuffet, figure politique moderne pour les habitants de sa région, Somuk est également aujourd’hui l’un des seuls artistes mélanésiens du début du 20e siècle dont on conserve un nombre significatif d’oeuvres. L’acquisition récente par le musée du quai Branly – Jacques Chirac d’un album de photographies comprenant une vingtaine de ses dessins donne l’occasion de présenter la singularité de son oeuvre. De Gagan à Paris, portrait du premier artiste moderne du Pacifique.
L’exposition met en lumière sa double trajectoire. Près de soixante-dix oeuvres, photographies et objets indiquent le contexte dans lequel ses dessins ont été créés ainsi que les différentes interprétations qu’on leur a données. Les sociétés de Bougainville au sein desquelles Somuk a grandi, et en parallèle les nombreuses
commandes de dessins par les missionnaires et anthropologues de l’époque, sont présent.es. Alors que les dessinateurs ayant travaillé pour des ethnologues ou des officiers coloniaux se contentent de dessiner des personnages isolés de leur mythologie ou quelques détails de rituels, Somuk compose des scènes
complexes et con.oit ses créations sous la forme de cycles narratifs. La singularité de son oeuvre et de sa pratique artistique émerge ici. À travers une série de dessins contemporains inspirés de ses travaux, l’installation se clôt enfin sur la représentation de la guerre civile de Bougainville et s’interroge sur l’héritage
actuel de l’artiste.
Résultats de près de quinze années de recherches, l’installation brosse le double portrait d’une figure politique mélanésienne, d’un artiste singulier devenu le symbole d’une reconnaissance de l’art contemporain dans le Pacifique. Un personnage d’exception dont les créations représentent aujourd’hui un corpus considérable, sans équivalent dans la production artistique mélanésienne antérieure aux années 1970.
Cette exposition est associée à l’année internationale des langues autochtones organisée par l’Unesco.