En référence au célèbre cabaret à thèmes installé à la fin du XIXe siècle à Montmartre et qui déployait son ambiance parodique et funèbre en se jouant avec une ironie sulfureuse de situations macabres, le Frac Île-de-France et la Communauté d’Agglomération de Marne et Gondoire présentent, du 18 septembre au 15 novembre 2020 au Château de Rentilly, Le Cabaret du Néant, une exposition conçue par la nouvelle filière « Métiers de l’exposition » des Beaux-Arts de Paris, qui associe des artistes contemporains aux chefs-d’oeuvre de la collection des Beaux-Arts de Paris.
Du tragique au parodique en fonction des évolutions de la société et de ses moeurs, des convictions religieuses comme des découvertes scientifiques, le sujet : « souviens-toi que tu vas mourir » parcourt l’art et la littérature. Depuis les fameuses danses macabres apparues au XVe siècle, il n’a cessé d’interpeler publics et créateurs tout en subissant des transformations profondes. Contemporaine du célèbre cabaret du néant installé en 1892 boulevard de Clichy (Paris 18e) et qui donne son titre à l’exposition, la notion du néant connaît une autre interprétation, une autre vision d’un même abîme, pas moins terrible mais plastiquement inverse ; celle qui, dans le sillage de Mallarmé, conduit à considérer la vie humaine comme « de vaines formes de la matière (...) s’élançant forcément dans le rêve qu’elle sait n’être pas (...) et proclamant, devant le Rien qui est la vérité, ces glorieux mensonges ! ». Le rôle du poète et donc de l’art consisterait ainsi, selon Mallarmé, à tirer l’homme de ce « Rien », comme du fond d’un naufrage, par le jeu suprême de la création.
Le thème du « néant » est décliné en trois parties dans l’exposition :
- Le festin des inquiétudes, partie tournée vers le passé et inspirée à la fois par ce célèbre cabaret et par l’imaginaire d’un Moyen Âge marqué par la fragilité de la vie et la fantaisie occulte. Elle rassemble des oeuvres spectaculaires, d’Albrecht Dürer ou Francisco de Goya à Jean-Michel Alberola, comme autant de Vanités rappelant avec humour et dérision le destin de l’être face à la mort.
- Anatomie de la consolation, qui nous conduit à travers les découvertes scientifiques et anatomiques des XIXe et XXe siècles avec des oeuvres de Gautier d’Agoty, Géricault… La mort et le vide y sont envisagés sous un angle à la fois plus rationnel et plus immatériel.
- Fin de partie, un espace simultanément vide et trop plein faisant écho à la pièce éponyme de Samuel Beckett, ultime contemplation du vide qui invoque une forme d’ivresse sensible, comme un refus de l’être de succomber à la fatalité de sa propre existence, avec des oeuvres de Marcel Duchamp, Alain Séchas, Hicham Berrada...
Avec les artistes :
Jean-Michel Alberola, Ismaïl Bahri, Evgen Bavcar, Hicham Berrada, Christian Boltanski, Xavier Boussiron, Flora Bouteille, Pierre Louis Deseine, Jean Baptiste Désoria, Marcel Duchamp, Albrecht Dürer, Nina Galdino, Matthias Garcia, Jacques-Fabien Gautier d'Agoty, Théodore Géricault, Francisco de Goya, Graham Gussin, Lucien Hervé, Hans Holbein le Jeune, Pierre Huyghe, Claire Isorni, Ann-Veronica Janssens, Christian Lhopital, Marc Lochner, Antoine Marquis, Bernhard Martin, Romain Moncet, Damien Moulierac, Alicia Paz, Benoît Pype, Valentin Ranger, Hugues Reip, Bettina Samson, Pierre-Alexandre Savriacouty, Alain Séchas, Valérie Sonnier, Victor Yudaev, Tereza Zelenková …