Empruntant son titre à un recueil de textes de Julio Cortázar, l’exposition Le Tour du jour en quatre-vingts mondes se propose de revisiter les œuvres majeures du CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux sous l’angle de systèmes de représentation renouvelés du monde. À l’instar de la plupart des collections européennes, celle du CAPC s’est construite et développée sur un socle masculin, européen et, plus largement, occidental, alors même que l’histoire de la ville de Bordeaux est ancrée depuis le XVIIe siècle dans ses rapports commerciaux et culturels avec l’Afrique, l’Asie et les Amériques. À une époque où les contextes culturels, sociaux et politiques conditionnent l’interprétation du spectateur comme de l’historien de l’art, il devient désormais essentiel de porter un nouveau regard sur les collections publiques, qui se doivent d’acter le passage à un monde multipolaire et remettre en lumière un ensemble d’artistes dont l’importance, pour diverses raisons, a été minorée par une histoire occidentale de l’art. Le mouvement de décentrement culturel sans précédent auquel nous assistons depuis plusieurs décennies, mais dont nous ne mesurons que depuis peu le séisme culturel, politique et sociologique qu’il génère, impose une réévaluation des collections publiques qui prenne en compte les processus complexes à l’œuvre dans la mondialisation.
L’exposition Le Tour du jour en quatre-vingts mondes génère des dialogues entre artistes d’origines géographiques, de genres et de générations diverses et postule que de nouveaux récits de l’art sont possibles et souhaitables. Si elle se nourrit d’expositions récentes autour de ces questions, à l’instar de Modernités plurielles au Centre Pompidou en 2015 ou Intense Proximité au Palais de Tokyo en 2012, elle s’en démarque dans la mesure où, comme son titre le suggère, elle assume pleinement sa dérive poétique.
Pour opérer cette relecture, le CAPC s’associe au Centre national des arts plastiques par le biais d’un dépôt conséquent d’œuvres d’artistes femmes et d’artistes originaires de régions extra-européennes, mais dont l’identité artistique déjoue tout déterminisme qui consisterait à réduire une démarche singulière à son contexte géographique. Ce nouveau corpus vient dialoguer avec des œuvres de deux décennies charnières dans l’histoire des acquisitions du CAPC – les années 1980 et 1990 – pendant lesquelles s’est construite la colonne vertébrale de la collection du musée.
L'ouverture de cette exposition était initialement prévue le 27 novembre 202O, le public pourra la découvrir dès le 19 mai 2021.