Isabelle Cornaro présente dans cette exposition un aspect de sa pratique encore peu connu. L’artiste invite le public à découvrir, dans une mise en scène soigneusement élaborée, des films courts tournés en 16mm qui sont, parfois, associés à d’autres images animées (vidéos trouvées et/ou films d’animation). D’une grande densité visuelle, tous ces films nous plongent dans des univers chimériques, qui, par un jeu d’enchaînement dans l’espace, se répondent les uns aux autres, créant une narration qui se déploie au sein des deux salles d’exposition.
Intitulée Infans (du latin « ne parlant pas ») cette exposition évoque un monde où la parole n’est pas encore advenue. Silencieuse, ce n’est pas pour autant une exposition sans parole. C’est une exposition qui relève d’un langage intime, d’une musique des signes. Avec des jeux d’emboitements et de références, entre abstraction et figuration, entre images en mouvements et arrêts sur images, Isabelle Cornaro démultiplie les impressions et sensations, qui vont progressivement submerger le spectateur. Il est invité à découvrir un dispositif dans lequel des longs plans fixes ou de simples panoramiques composent une partition visuelle et silencieuse. Cette aspiration au silence qui pourrait se rapprocher du memento mori se prolonge par de furtives et éblouissantes apparitions. En effet, l’artiste explore des jeux de lumière expressionnistes, qui transforment chacune de ses séquences en une succession d’images qui sont comme soufflées, foudroyées, instables.