La génération de Jay Ramier est celle du Kompa, du soukouss, du Gwo Ka mais aussi du moonwalk, des prémices du hip-hop et du graffiti, de l’apogée des radios libres comme Radio Nova, des nuits jazz rock du Bataclan et de « Chez Roger boite Funk », des jams sessions de Dee Nasty, du centre Paco Rabanne et des scratchs de GrandMixer D.ST sur le morceau « Rock It » du jazzman Herbie Hancock. Alors à la manière d’un DJ qui sample des sons pour créer une nouvelle musique syncopées aux rythmes créolisés des années 1980, Jay Ramier associe des peintures, des images, des archives et des sonorités opaques pour obtenir des amalgames visuels et sonores questionnant les narrations collectives de la diaspora Africaine avec son récit familial.
Au Palais de Tokyo, Jay Ramier observe l’intersection des diasporas noires à travers la musique envisagée comme « un vecteur privilégiée en terme de spiritualité, mais aussi de discours social, philosophique et politique. » En s’intéressant plus particulièrement au Funk - sulfureuse musique noire américaine apparue dans les années 1970 sur fond de tensions raciales - Jay Ramier s’intéresse au décor (les paillettes des costumes, la lumière des concerts, les typographies des logos...) et ce qu’il contient (le tragique et la politique qui imprègnent ces musicien.ne.s et les vies de celles et ceux qu’ils représentent). Une manière de retourner aux origines du hip-hop avec lequel Jay Ramier s’est construit politiquement et artistiquement.
Transformant son espace d’exposition en salle de concert des années 1970, les murs seront sombres, parfois pailletés, et les lumières aveuglantes, comme pour transformer les oeuvres en étincelles. Le titre Keep the Fire Burning (gadé difé limé) est un hommage à James Baldwin et aux paroles de Gwen McCrae. « The flame of love is about to die / We’re gonna fan the fire, come on along. » Pour relier Paris, le Bronx et les Caraïbes, Jay Ramier met son travail en relation avec ceux de Martine Barrat, Hervé Télémaque, Ariles de Tizi, Ydania Li Lopez, Edouard Glissant. L’artiste invite également Pascale Obolo et la revue Afrikadaa pour perturber son exposition avec un acte éditorial performatif sur les révoltes silencieuses dans les Antilles.
Avec : Martine Barrat, Edouard Glissant, Ydania Li Lopez, Pascale Obolo, Hervé Télémaque, Ariles de Tizi