Maro ʻura retrace l’histoire et l’importance culturelle de l’un des objets les plus prestigieux des grandes chefferies des îles de la Société: un fragment de ceinture de plumes récemment identifié au musée du quai Branly – Jacques Chirac et prochainement mis en dépôt au Musée de Tahiti et des Îles.
Liées au culte du dieu ‘Oro, ces ceintures servaient d'objets de mémoire aux communautés. À chaque investiture, elles étaient rallongées d'une frange de plumes. Elles matérialisaient ainsi la généalogie des grandes chefferies et donnaient à voir leur prestige et leur ancienneté.
Outre sa rareté, ce fragment de maro ‘ura – littéralement « ceinture rouge » – constitue un témoignage d'une importance historique sans équivalent. La présence de drap de laine rouge suggère qu'il pourrait s'agir de la ceinture dans laquelle avait été incorporé le fanion utilisé par le capitaine anglais Samuel Wallis pour prendre possession de l'île de Tahiti en 1767. Long d'environ quatre mètres et observé par des navigateurs tels que James Cook et William Bligh jusqu'à la fin du 18e siècle, ce maro ‘ura accompagna notamment la prise de pouvoir de la famille Pomare sur Tahiti. Depuis la conversion au christianisme au début du 19e siècle, toutes traces des maro ʻura avaient disparues.