« C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar. »
La première phrase de Salammbô, roman de Flaubert publié en 1862, a été pour des générations de lecteurs l’élément déclencheur d’une expérience unique. L’attraction fatale entre Salammbô, prêtresse de Tanit, et Mathô, chef des mercenaires révoltés, mais aussi l’opulente Carthage et ses invincibles murailles, les éléphants incendiés et les lions crucifiés ; tout, dans ce roman stupéfiant, était propice à enflammer les imaginaires. Pour la première fois, une exposition s’empare de ce chef-d’œuvre de la littérature moderne pour nous plonger au cœur d’un tourbillon d’images et de sensations qui révèle sa portée considérable sur les arts et les représentations, mais aussi son héritage dans l’histoire de la Méditerranée.
Portée par la RMM (Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie) et le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), l’exposition « Salammbô. Fureur ! Passion ! Éléphants ! » constitue l’élément majeur des célébrations du bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert (1821, Rouen - 1880, Croisset). En convoquant littérature, peinture, sculpture, photographie, arts de la scène, cinéma, bande dessinée et archéologie, « Salammbô » explore l’actualité d’un ouvrage hors normes où se bousculent les préoccupations d’aujourd’hui. Déterminisme de classe, assignation de genre, violence politique, légitimité du pouvoir, guerre de masse, altérité et diversité ; tout ce qui va bouleverser le monde moderne se trouve en germe dans cette fantasmagorie historique qui continue d’ébranler les sensibilités contemporaines.
L’exposition présente 250 œuvres issues des collections publiques et privées françaises et européennes, dont le musée du Louvre, la Bibliothèque nationale de France, le Musée national d’art moderne-Centre Pompidou, le musée d’Archéologie méditerranéenne de Marseille, le Cabinet des Médailles (Archives municipales) de Marseille, les musées de Rouen, Munich et Berlin… Grâce à l’Institut national du Patrimoine de Tunisie, avec lequel le Mucem entretient depuis cinq ans une étroite politique de coopération, des prêts majeurs ont été consentis par les musées du Bardo et de Carthage, permettant au public français de découvrir les trésors archéologiques de l’époque punique.