Gallen-Kallela a su représenter la Finlande avec un lyrisme incomparable. Tournant le dos à la modernité urbaine, il a ancré son œuvre dans la nature sauvage, suivant le déroulé des saisons en prenant pour motif les denses forêts et les innombrables lacs finlandais.
Si des œuvres de Gallen-Kalella avaient déjà été présentées lors d’expositions thématiques, centrées sur l’art finlandais ou l’art nordique, c’est la grande rétrospective que lui a consacrée le musée d’Orsay en 2012 qui a permis au public parisien de découvrir l’ensemble de sa carrière.
L’exposition du musée Jacquemart-André se propose d’étudier de manière plus approfondie la question de la relation de l’artiste à la nature, qui évolue au cours sa carrière. Ethnographique à ses débuts, elle se nourrit de la pensée ésotérique dans les années 1895 pour acquérir une amplitude inégalée au tournant du XXe siècle. Cette mutation s’accompagne d’un changement de style qui du naturalisme évolue vers le symbolisme.
La construction de sa maison-atelier Kalela en 1894, loin des villes et de la modernité, occupe une place centrale dans la définition tant artistique que conceptuelle du rôle de l’artiste dans la nature. Au sein d’un microcosme tourné tant vers l’extérieur que l’intérieur, Gallen-Kallela a tenté de concrétiser un idéal artistique qui s’exprime aussi fortement dans son œuvre.
Le peintre s’est formé à Helsinki, puis à Paris au sein de l’académie Julian et de l’atelier Cormon, dont l’influence se retrouve dans ses scènes de genre au goût naturaliste mettant à l’honneur la paysannerie finlandaise. La maison-atelier, qu’il fait construire au cœur de la campagne finlandaise, présente une grande diversité de media, des arts graphiques aux arts décoratifs. Une importante section de l’exposition est ensuite consacrée aux figures mythologiques du Kalevala. Enfin, le parcours se termine avec des paysages sauvages animés une émotion sacrée, une nature habitée par une présence spirituelle. Le vocabulaire de reflets, de bruissements et de silence que développe Gallen-Kallela, au tournant du siècle a fixé jusqu’à nos jours l’identité du paysage finlandais.