15 Avril 2022
04 Sept. 2022

AÏCHA SNOUSSI - NOUS ÉTIONS MILLE SOUS LA TABLE

PALAIS DE TOKYO

Première exposition personnelle de l’artiste tunisienne Aïcha Snoussi au sein d’une institution française, « Nous étions mille sous la table » lui donne l’occasion de déployer sa pratique tentaculaire, qui prend sa source dans le dessin, pour embrasser la sculpture, l’installation et la composition sonore. Empruntant à la fois les codes esthétiques de la science-fiction et de l’archéologie, faisant le pont entre les hyper-loins temporels du passé et du futur, l’exposition se présente comme une grotte animée par des fêtes passées. Un bar souterrain tout droit sorti de fonds marins bleu- vert – couleur omniprésente dans le travail de l’artiste. Au cœur de ce lieu se trouve une table de billard en mutation, dont les pieds s’étendent comme des racines à la recherche d’eau. Des trous du billard chantent une lignée de créatures sous-marines sans noms que l’on appelle, alors, queer.
La surface du billard est mousseuse et vivante. Posées contre un des murs du bar, deux cannes de billard tordues, matrices de la godothèque d’Aïcha Snoussi, armes du désir et règles du jeu. En transparence, sur les parois de la grotte, des dessins et posters, témoins d’une constellation d’étoiles filantes qui ont bercé l’enfance d’Aïcha Snoussi comme Abdel Halim Hafez et rythmé, plus tard, ses nuits passées au Plug, lieu de rassemblement de la scène alternative tunisienne. Cette constellation, comme un cyclone, avale et régurgite des références disparates : des couleurs de Van Gogh, aux motifs de Frida Kahlo et Lee Bul, en passant par les phrases de Wittig, Esteban Muñoz ou Saleem Haddad et des visions de gravures rupestres de Tassili n’Ajjer. Dans son œil, cohabitent la fête et le deuil. 

Aïcha Snoussi

Née en 1989, à Tunis, Aïcha Snoussi vit et travaille à Paris.


Le travail d’Aïcha Snoussi questionne les notions d’identité et de validité des normes et des classements au travers de dessins et d’installations qui mêlent fictions et archives. En brouillant les pistes de la réalité pour donner à voir les vestiges ou les traces d’une histoire qu’elle a réinventée, l’artiste développe une mythologie personnelle qui fait référence aux épisodes de notre histoire contemporaine (identité de genre et migration) tout en convoquant un faisceau de références intimes. Son travail questionne le rapport du dessin et de l’objet à l’histoire, aux mémoires, aux ruines, à ce qu’il reste, dans des agencements organiques et poétiques en dialogue avec les lieux investis in situ.
Elle est lauréate du prix Sam 2020 pour l’art contemporain et du premier Prix de la Fondation Rambourg de la même année, pour son projet « underwater » «
تحت ءاملا », fiction archéologique autour d’une civilisation queer redécouverte sur les côtes africaines.

Ce projet se décline en une suite d’installations et d’expositions entre Montpellier, Ouidah, Paris et Tunis.
La première installation « sépulture aux noyé.es » est un ancien site rituel composé de 801 bouteilles de dessins, écritures et éléments organiques immergés dans des eaux. »
يئابحا « Actuellement, son exposition personnelle « my loved ones » au musée de la Fondation Zinsou à Ouidah présente un ensemble d’installations autour de gravats, de latérite, de charbon, de dessins, d’ossements, d’objets et de lumières dans un enchevêtrements d’échos avec un parcours conté de 814 mètres dans la brousse du Jardin d’Essai de Ouidah.
L’exposition au Palais de Tokyo se situe donc dans le sillage de Ouidah, avant de se poursuivre à Tunis en 2023.

Aïcha Snoussi est représentée par la Galerie La La Lande à Paris, où elle exposera en parallèle au Palais de Tokyo, dès le mois de mai 2022.

Lauréate du prix SAM pour l’art contemporain 2020

DOCUMENTATIONS
DIRECTION

Commissaire : Cédric Fauq

CONTACT
Pénélope PONCHELET
penelope@claudinecolin.com