Après Théo Mercier, Stéphanie Brossard et Quentin Lefranc, Dana-Fiona Armour investit les salles du programme Rendez-vous, Sous-sol, dédiées à la recherche plastique et aux pratiques émergentes.
Née en 1988 à Willich en Allemagne, l’artiste opère depuis un monde dans lequel les formes s’invitent en véritables agents mutagènes, se transforment les unes les autres et modifient l’organisation des espaces qu’elles occupent, provoquant chez nous un sentiment d’inquiétante étrangeté.
À travers la pureté d’objets dont l’exigence formelle rappelle le vocabulaire de l’art minimal dont elle détourne le souvenir, s’invite une dimension clinique héritée de l’imagerie d’une littérature ou d’un cinéma d’anticipation. Derrière la radicalité de sculptures constituées de silicone, de marbre ou de verre, apparaissent sourdement des formes organiques, réelles ou symboliques, qui questionnent nos relations à un monde hybride dans lequel l’artificiel se mêle au naturel, l’humain au non humain.
Le Projet MC1R a été pensé à l’occasion d’une résidence de l’artiste au sein de la société Cellectis qui se présente comme « une société de biotechnologie de stade clinique, qui utilise sa technologie pionnière d’édition de génome TALEN® pour développer des thérapies innovantes pour le traitement de maladies graves». La collaboration a donné lieu à la conception d’une plante hybride, à la fois humaine et végétale, une Nicotiana Benthamiana (espèce très sensible aux virus utilisés fréquemment dans la recherche, notamment pour le vaccin contre la Covid 19) désormais porteuse du gène MC1R, un gène de nature humaine responsable de la peau claire, des tâches de rousseurs et des cheveux roux, soit autant de caractéristiques permettant de décrire l’apparence physique de l’artiste.
Dans les salles du sous-sol de la Collection Lambert, la présence de cet organisme d’un nouveau type dans une série inédite d’installations, de sculptures et de vidéos offre la promesse d’un voyage au-delà des frontières de l’humain et du végétal, là où la rencontre des deux éléments appelle de nouveaux récits, de nouvelles manières d’envisager un environnement sensible devenu hétérogène.