Mathilde Rosier travaille depuis longtemps sur la notion de vie sensible ainsi que sur la possibilité de communiquer avec la nature tout en étant avec et dans celle-ci. Cette nouvelle pièce représente une convergence de motifs et d'éléments qui sont présents dans son travail depuis des années, d'une manière globale et immersive. Bien que les peintures et les dessins occupent une place centrale dans cette exposition, nous présenterons également deux films : un ancien et un nouveau.


Au centre de ce nouveau projet de Mathilde Rosier se trouvent non seulement une idée générique de la nature, mais aussi l'histoire de la domestication des plantes et de l'agriculture. Elle aborde cette refléxion dans ses tableaux qui nous font méditer sur le franchissement complexe de la barrière entre l'état de nature et l'état d'humain. Mathilde Rosier voit dans les champs cultivés, dans les quadrillages créés pour produire du grain, dans l'exploitation industrielle de la terre et de certaines espèces nourricières, un état intermédiaire entre la nature et l'homme. Ces champs gigantesques ainsi que ces plantes représentent les limbes ; un espace situé entre les logiques naturelles et les êtres humains. Notre histoire, en tant qu'espèce, est l'histoire de notre relation avec les plantes qui nous nourrissent.


Le Néolithique a vu l'apparition et la multiplication des premiers agriculteurs, ainsi que la formation de villages sédentaires dans toute l'Europe. Lors de ces temps anciens, un ensemble particulier de concepts s'est formé nommant pour la première fois la 'maison' et le 'foyer', appelés "domus", fournissant une métaphore et un mécanisme de transformation sociale et économique.


Le travail de Mathilde Rosier nous offre un terrain sur lequel nous pouvons réfléchir à l'évolution des sociétés humaines par rapport aux multiples espèces que nous avons modifiées et transformées pour pouvoir survivre. Ses peintures et vidéos offrent un nouveau langage symbolique pour s'identifier à ceux qui étaient impliqués dans cette transition monumentale de la nature vers autre chose.
En outre, elles constituent également un rituel, un ensemble d'actions et de gestes orientés vers l'éveil d'une pensée et d'une affection différentes envers les champs, envers la vie que nous modifions constamment au nom de nos intérêts. Nous définissons comme une exposition cette nouvelle oeuvre à grande échelle, mais nous pourrions aussi l'appeler une chapelle ou une grotte. L'énergie principale de ce travail est l'invention d'un intérieur où nous pouvons réimaginer la coexistence et une nouvelle vie ensemble.