Les mountaincutters, un duo de sculpteur·rices formé depuis près de dix ans, déploient des installations proliférantes à l’aspect transitoire. Les répétitions de formes, les déplacements d’objets et les variations de matières semblent répondre à une organisation qui nous échappe. Si ces ensembles de sculptures fonctionnent avec leurs logiques propres, ils ne sont pas moins poreux aux lieux qu’ils habitent, et entrent en résonnance avec les qualités des espaces et des matériaux environnants.
Chaque installation, chaque exposition, que les artistes se refusent à inscrire dans une dramaturgie, se lit par bribes, d’une assise en verre impraticable à une structure de soutien du corps, d’une reproduction de vénus préhistorique à des images d’anatomie du corps humain prélevées dans des manuels datés. De ces haïkus mis en espace, comme inachevés et troubles, s’esquisse une recherche sur l’archéologie des formes, une interrogation sans cesse renouvelée sur la spatialité des corps et de leurs milieux.
Au Palais de Tokyo, les mountaincutters déploient des installations en prise avec le bâtiment, ses fragilités et ses températures estivales. Unies au lieu, modelées par ses flux, les sculptures enveloppantes convoquent des corps en incapacité dont les prothèses, les extensions et les outils sont autant de stratégies d’adaptation à leurs environnements. Les sculptures transformées pour l’exposition et les nouvelles œuvres composent différentes humeurs qui engagent les corps dans un ralentissement propice à considérer les défaillances physiques tout un chacun·e.