Jakob Lena Knebl et Ashley Hans Scheirl travaillent à la fois en solo et en duo. Les premiers films expérimentaux d’Ashley Hans Scheirl ont marqué la scène queer londonienne des années 1990, tandis que Jakob Lena Knebl a travaillé pendant plus de dix ans dans l’assistance de personnes âgées, avant d’étudier la mode (notamment auprès de Hussein Chalayan) et les arts visuels. Dans leurs économies de vie et de création, les deux artistes travaillent conjointement à émanciper leurs gestes et le public des normes de représentations traditionnelles. Leurs installations construites sur des jeux entre sculptures, décors, installations et tableaux, convoquent des personnages aussi divers qu’archétypaux. Pour leur exposition au niveau inférieur du Palais de Tokyo, ce sont notamment Frankenstein, les cyborgs, Barbapapa et autres transmorphes que les artistes choisissent d’investir, pour aborder la question de la transformation des identités de façon incarnée dans une nouvelle présentation de leurs univers combinés.

Leur projet prend la forme d’une scène ouverte en archipels, invitant le public à explorer différentes « desirerooms », des « espaces de désir » au sein desquels les formes vont à la rencontre de leurs affinités historiques, formelles et narratives, disposées en îlots dans l’espace. En faisant dialoguer leurs travaux dans cette proposition inédite, les artistes réinterprètent l’architecture brutaliste du centre d’art, en aménageant une atmosphère à la fois douillette et troublante. À l’opposé de la « machine de distanciation » du white cube selon Jakob Lena Knebl, les artistes proposent une expérience propre à renouveler le rapport du public à l’espace, et pensent l’exposition comme un décor de théâtre habité et à habiter. Cette exposition prolonge une recherche engagée en 2019 à l’occasion de leur participation à la 15e Biennale de Lyon sous le commissariat de l’équipe curatoriale du Palais de Tokyo.