Une constellation de regards se déploie sur la peau rose du Centre de Conservation et de Ressources (CCR) du Mucem. Avec l’installation Champ de visions, l’artiste Mathilde Rosier habille la façade du CCR d’une cinquantaine d’yeux de verre, comme une invitation à venir voir la collection du Mucem de plus près...
Sensible à la question du rite agraire et des saisons, Mathilde Rosier sème à la surface du bâtiment ces excroissances mystérieuses, tels des hybrides à mi-chemin entre le fruit et l’organe. La paroi du CCR est perçue comme un champ vertical dans lequel ces yeux-graines se cultivent et prennent vie. L’artiste rend hommage à l’une des vocations de ce lieu, abri de cultures et d’objets, consacré à l’alphabétisation du regard, à l’éveil des sens et à l’éducation, à la croissance du savoir et des émotions.
L’installation se poursuit à l’intérieur du bâtiment par un dialogue entre les yeux de Mathilde Rosier et le CCR. Ces yeux sont un trait d’union entre espace extérieur et espace intérieur dédié à la conservation. Entre regard porté et regard introspectif.
Le regard est court dans le temps et subjectif, il est fugace. Il entre alors en lien avec la permanence des objets, la pluralité des regards et des lectures des objets de la collection patrimoniale qui s’hérite et se transmet. Tout l’intérêt de la collection est de permettre de multiplier dans le temps les regards portés sur elle. La constellation de regards que Mathilde Rosier déploie sur la façade du CCR est une métaphore de la pluralité des regards que l’institution souhaite porter sur ses collections et des diverses interprétations que spécialistes et profanes porteront sur elle au fil de la marche du temps.