Parallèlement à son œuvre de poète et d’écrivain, Pierre Alferi (1963-2023) a dessiné de manière continue et intensive durant de nombreuses années. Cette pratique longtemps demeurée discrète n’a été partagée qu’à partir de 2020 sur son site Enseignes. Cette exposition personnelle aux Beaux-Arts de Paris, où il enseignait depuis 2015, présente pour la première fois au public un ensemble conséquent d’une cinquantaine de dessins, réalisés entre 2006 et 2021.
Ces dessins explorent les « attelages picturaux du mot et de l’image », sur lesquels Pierre Alferi a régulièrement écrit. Ils ont constitué pour lui aussi bien un problème de représentation qu’un chemin familier, parmi d’autres, pour explorer ses humeurs et ses passions. L’humour s’y exprime à plusieurs niveaux, dans des décalages ou des connivences entre les mots et l’image, et par les jeux des mots, entre eux et avec l’image. Les différentes modalités de rencontres entre les deux constituent l’enjeu central de son œuvre pictural.
Dans le parcours de l’exposition, les dessins sont parfois associés en fonction d’une iconographie ou d’un sujet commun (les mollusques céphalopodes, les fleurs). Les rares séries qui préexistaient ont été préservées (les Saisons, par exemple). Par endroits, c’est le rythme lié à la variété et à la richesse des imaginaires qui composent l’ensemble subjectif qui a été privilégié. Enfin, une constellation de dessins puisant principalement dans le cinéma et la littérature a été rassemblée sur un même mur, sans ordre ni hiérarchie, comme autant de portraits de personnages réels ou fictifs qui l’ont inspiré́. Défile une iconographie témoignant de ses objets d’élection, qui vont des enluminures du Moyen-âge aux dessinateurs de Mad Magazine, en passant par l’imagerie japonaise, les abécédaires et les vignettes romantiques.
Pierre Alferi s’abreuvait au quotidien à différentes sources d’images qui attiraient son immense curiosité, via les imprimés et les écrans. Ses dessins procèdent presque tous de la copie et reposent sur une ou sur plusieurs images-sources, qu’il altère en les retraçant, jusqu’à en brouiller les références. Prime ainsi le réseau imaginaire dans lequel il les prend, et que les jeux de mots achèvent de lier dans un court-circuit du sens.
Une peinture murale réalisée à l’aérographe par Hippolyte Hentgen signale l’étoffe des relations humaines dans lesquelles Pierre Alferi vivait sa création, les multiples collaborations auxquelles il a contribué́. Elle adopte les motifs d’un dessin original d’Hippolyte Hentgen, transformé, extrapolé et dispersé à l’échelle du Cabinet des dessins et des estampes – Jean Bonna.
Une soirée hommage à Pierre Alferi sera organisée le mardi 4 mars 2025, programme à venir.