Michel Séméniako est un grand voyageur. A la lecture de ses nombreuses publications, l’on découvre sa passion pour l’Afrique, l’Asie (Chine, Inde, Indonésie, Japon...), l’Europe et bien évidemment la France. Mais ce que l’on en retient, c’est une suite de paysages tous plus irréels les uns que les autres, des paysages rêvés, des visions presque idylliques et merveilleuses d’un monde qu’il sait par ailleurs d’une noirceur pathétique. Michel Séméniako éclaire le monde, comme on révèle un monde que l’on s’invente. Depuis une visite à Auschwitz, il ne photographie plus en noir et blanc, refusant la redondance entre le fond et la forme photographiée. Les lieux de mémoire industriels qu’il arpente depuis plus de
vingt ans, ces paysages de la mutation de l’économie du monde n’ont pas chez lui les couleurs crues d’un réalisme dénonciateur ou agressif et, encore moins, les couleurs passées d’un monde perdu. En décalant l’objet de la perception de sa vérité communément admise, il nous fait subtilement percevoir le double langage de l’image, à la fois manipulateur et laudateur. En déconstruisant les convenances de la lumière et de la couleur, il nous révèle ce que nous n’avons pas su ou voulu voir.
En oiseau de nuit farouche et tenace, il fuit la magie scintillante des grandes métropoles et s’attache à chercher l’essence des formes, lorsque ces dernières sont loin des regards convenus et souvent attendus. La série « Lettres d’amours des mouches à feu » qu’il propose à Chaumont-sur-Loire est un moment de poésie, une parenthèse loin du bruit et de la fureur. Réalisées dans le Piémont avec la complicité d’un entomologiste, ces images s’attachent à l’infi niment fragile et tutoient amoureusement l’invisible. Les signaux lumineux émis par les lucioles (mouches à feu), dans leur recherche du partenaire amoureux, sont de l’ordre de l’indicible, un quantième de seconde qu’il faut savoir appréhender avec toute l’humilité nécessaire afin d’ECOUTER ces lettres d’amour.
Repères biographiques :
Michel Séméniako est né en 1944, à Annecy, et s’est orienté vers la photographie après des études de sociologie. Il est lauréat du prix Nadar et du prix de la Villa Médicis Hors les Murs. Ancien enseignant, il a publié une quinzaine d’ouvrages à ce jour, accompagnés de textes d’auteurs prestigieux : Michel Vinaver, Alain Bergala, Paul Ardenne, Jean-Claude Carrière, Anne Cauquelin, Louise L. Lambrichs... Ses oeuvres sont présentes dans de très nombreuses collections publiques et privées aussi bien françaises qu’étrangères. Il publie au printemps 2008, aux Editions Diaphane, un ensemble de vues consacrées au paysage industriel du sud de la baie de Somme, accompagnées d’un texte de Patrice Juiff.
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