Poétiquement politique, l’œuvre de Berni Searle parle d’identité, de mémoire et de lieux. Construite autour de l’image – photographique, vidéo, filmique -, elle s’entrelace à l’histoire de l’Afrique du Sud récemment émergée d’un « vivre à part » (apartheid) pour aborder les questions de l’appartenance et du déplacement, ici et ailleurs.
Berni Searle repose inlassablement la question de soi et de l’autre, interrogeant les composants de sa propre identité issue de brassages successifs : une « identité composite » à la base de la « créolisation » chère à Edouard Glissant. Nourrie de mythologies personnelles, elle interroge le souvenir et la mémoire (About to forget, 2005), montre la dynamique des relations humaines, la dissolution des liens familiaux, le caractère arbitraire des classifica- tions raciales, religieuses et sexuelles...
Son propre corps est souvent au centre de ses performances filmées, terrain d’impression et d’expression des expériences et souvenirs (Snow White, 2001 ; Mute, 2008). La violence ou la souffrance sont rarement exhibées frontalement.
Elles sourdent d’une image somptueuse dont le lyrisme et l’esthétisme sont habités d’une dramatique intensité (Vapour, 2004 ; Moonlight, 2010). Sans jamais verser dans le pathos, Berni Searle crée une œuvre polysémique et troublante, intimement personnelle et profondément universelle ; une ode à l’humanité où chacun est ce qu’il construit.