Pour sa grande exposition de l’été, le CAPC programme la première rétrospective en France consacrée à Michel Majerus. Seul musée français à posséder dans ses collections une œuvre monumentale de l’artiste luxembourgeois, le CAPC accueillera une sélection conséquente d’installations et de peintures dans sa nef, dont la gigantesque rampe de skateboard If you are dead... so it is.
« Je suis fasciné de faire quelque chose sans être sûr de ce que ça deviendra, quelque chose dont personne d’autre peut dire ce que ça deviendra. Je ne saurai jamais, et personne d’autre le saura, c’est ainsi que je conçois l’art. » Michel Majerus
La courte carrière de Michel Majerus coïncide avec deux révolutions majeures, l’une technologique et l’autre politique. En effet l’œuvre de l’artiste prend son plein essor et s’impose sur la scène internationale en 1996, un an après la « naissance » d’internet. Elle se termine dans un dramatique accident d’avion en 2002, un an après l’avènement des attentats du 11-Septembre. En six petites années, ces deux révolutions ont transformé en profondeur les dimensions socioculturelles et économiques de notre civilisation et engendré cette nouvelle ère que nous nommons communément la « globalisation ». La mobilité, le polycentrisme, les flux, les nouveaux réseaux, la mixité, l’hybridation en sont les émanations. Rien n'est plus vraiment excentrique ou périphérique, les lieux de pouvoir se sont dématérialisés, les temps sociaux sont désynchronisés. En quelques années, Michel Majerus a pressenti et embrassé ces nouveaux paramètres pour en proposer des paradigmes esthétiques : la peinture comme espace de navigation et de circulation, la surface-écran, la disponibilité infinie des images, la simultanéité et l’hétérogénéité des signes et des formes, la prééminence de la communication dans les échanges.
L’œuvre postule une ouverture et une perméabilité qui lui confèrent une dimension authentiquement pop. Sa contemporanéité, elle la doit par ailleurs à ce questionnement permanent de l’artiste à propos du style, conscient de vivre dans un monde entièrement « designé » où toute entité, toute idée, toute manifestation, se réalise au travers des dispositifs de communication balisés, à l’identité visuelle contrôlée. Or Majerus choisit de ne pas choisir. Ce relativisme fondamental et difficile, sujet à des malentendus, il le portera jusqu’au bout, comme en témoignent les œuvres plus sombres et plus inquiètes peintes en 2002, peu de temps avant sa mort accidentelle.
Lors de cette première exposition monographique française coproduite avec le Kunstmuseum de Stuttgart, le CAPC présente plus de 35 œuvres de l’artiste dont deux monumentales:
- Reminder (1998), que le musée a dans ses collections depuis 2007, suite à sa mise en dépôt par le Fonds National d’Art Contemporain. C’est la première fois depuis sa création en 1998 que l’œuvre pourra être remontrée grâce aux dimensions extraordinaires de la nef du CAPC. - If you are dead... So it is (2000) rampe de Skateboard de 43m de long peinte par l’artiste. Sera reconstruite pour l’occasion dans la grande nef du CAPC. Les visiteurs pourront la pratiquer en skateboard ou rollers lors de sessions organisées...
Cette exposition affirme la volonté du musée de continuer à présenter des projets d’une génération d’artistes, de commissaires, et de critiques qui renouvellent le langage et les modalités d’apparition de l’art, en interface avec son environnement culturel, social, et économique.