À partir d’avril 2012, à Paris, le Palais de Tokyo, dont les espaces ont été rénovés et agrandis, rouvre ses portes au public. Sous l’impulsion de son nouveau président Jean de Loisy, il devient une destination incontournable sur la scène de l’art contemporain international.
Après dix mois de travaux de rénovation par les architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, qui avaient conçu la première réhabilitation de l’édifice à la fin des années 1990, le Palais de Tokyo fait peau neuve et investit désormais l’intégralité du bâtiment, soit 22.000 m2 qui en font le centre d’art contemporain le plus vaste d’Europe. Le visiteur aura ainsi accès à d’immenses salles d’exposition distribuées sur quatre niveaux très diversement typés, dont les architectes ont préservé la diversité pour permettre aux artistes de se confronter à des espaces complexes et variés. De la Galerie haute, envahie de lumière aux espaces plus sombres et intimes de la Galerie basse, et des quatre salles de cinéma en cours de restauration, en passant par ces larges respirations que dispense le plateau en courbe du parvis bas, ce « nouveau » Palais de Tokyo convie avant tout à une étonnante promenade architecturale, une glissade minérale et lumineuse le long de la colline, depuis l’avenue du Président Wilson jusqu’à la Seine en contrebas. Lacaton et Vassal ont envisagé le bâtiment comme un paysage, dont ils se sont employés à restaurer l’ancienne diffusion lumineuse, à réinventer les modes de circulation verticale et à rendre le plus souple possible l’usage.
Le nouveau Palais de Tokyo invite à un voyage au sein de l’art du 21e siècle dans ce qu’il a de plus divers. Il est dédié à la scène française confrontée à son contexte international, à la jeune création mais aussi à des artistes confirmés dont les œuvres peuvent être partagées par différentes générations. On y rencontre toutes sortes d’expressions artistiques, essentiellement les arts plastiques, ainsi que le design, la musique et la mode, mais toujours les plus nouvelles, les plus troublantes, les plus aventureuses, les plus intenses.
Car il s’agit bien de partager une aventure, celle de « l’émergence de nouveaux comportements, de nouvelles formes, de nouveaux langages, de nouvelles beautés ». Pour Jean de Loisy, le Palais de Tokyo est «un lieu où l’on ne travaille pas sur l’art, mais avec l’art, et où celui-ci nous travaille». L’art y est vécu comme une aventure intérieure; d’où l’importance d’un discret mais efficace travail de médiation, afin de favoriser chez le visiteur la confiance à l’égard d’une lecture personnelle et subjective des œuvres exposées. Le Palais de Tokyo est un lieu de vie où l’expérience esthétique trouve un prolongement, au-delà des salles d’exposition : conférences, cinéma, performances, espaces de convivialité ou de médiation, la librairie (elle aussi agrandie), mais également dans la réception et les saveurs de deux restaurants (le Tokyo Eat et un nouvel établissement au niveau du Parvis bas). Les 12 et 13 avril 2012, le Palais de Tokyo ouvre ses portes en avant-première pour 36 heures non-stop de performances, concerts, installations, afin que les visiteurs, à la suite des artistes, se réapproprient eux aussi le bâtiment. Une cinquantaine d’artistes introduisent ainsi les visiteurs dans les coulisses de la métamorphose du Palais de Tokyo.
Ils peuvent découvrir les installations qui, inspirées par l’architecture, demeureront en place pendant plus d’un an. Elles sont destinées à fixer la réalité d’un lieu investi à long terme et en confiance par les œuvres et les artistes de plusieurs générations. Jean-Michel Alberola, Peter Buggenhout, Ulla von Brandenburg, Laurent Derobert, Vincent Ganivet, Christian Marclay et Julien Salaud illustrent la diversité d’inspiration et de notoriété, témoignant clairement du spectre des activités de l’institution.
Parallèlement sont inaugurés les nouveaux Modules - Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent, un ensemble d’expositions présentant les œuvres de cinq découvertes, cinq artistes peu connus qui font à cette occasion leur première intervention personnelle dans une grande institution française. C’est là l’évolution renforcée des Modules, vivier observé par l’ensemble de la profession artistique et qui appartient à l’histoire du Palais de Tokyo. Elle permet dans cette nouvelle version encore plus ambitieuse de montrer plus de vingt-cinq artistes émergents par an, la plupart liés à la scène française. Les premiers présentés sont Cécile Beau, Sarah Fauguet & David Cousinard, Zdenek Kosek, Benoît Pype et Maxime Rossi.
Une semaine plus tard, le 20 avril, le Palais de Tokyo inaugure la Triennale d’art contemporain, intitulée « Intense proximité » et dont le commissariat a été confié à Okwui Enwezor.
La programmation du Palais de Tokyo se poursuit en septembre pour une saison placée sous le signe des «Détours de l’imaginaire », titre de la première exposition thématique, conçue par Julien Fronsacq, curator au Palais de Tokyo. Simultanément ont lieu un nouveau cycle de modules ainsi que trois expositions monographiques, dont une consacrée à un artiste français, une figure importante de l’art international, le Lion d’or de la Biennale de Venise en 1997 qui a été absent des institutions nationale depuis plus de dix ans, Fabrice Hyber.