Exposition de l’œuvre Décor d’Adel Abdessemed
Une première en Europe au musée Unterlinden à Colmar
Réalisés aux États-Unis et exposés à la galerie David Zwirner à New-York (du 17 février au 17 mars 2012), les quatre Christ qui forment l’œuvre Décor de l’artiste Adel Abdessemed sont exposés pour la première fois en Europe à Colmar dans la chapelle du musée Unterlinden, en regard de la Crucifixion de Grünewald qui les a inspirés.
Cet ensemble d’un expressionnisme exacerbé par le contraste entre la violence du matériau (le fil de fer barbelé) et la beauté du résultat formel, la taille imposante des corps et leur exposition aérienne, entre le symbole unique et la multiplicité, semble exhiber toute la violence contenue dans la représentation iconique du Christ sur la croix de Grünewald. Mais au-delà de cette dimension dramatique, le matériau utilisé et savamment tressé, la répétition du sujet devenu motif ont une visée ornementale que trahit le titre de l’œuvre, à appréhender comme une stylisation ou une sublimation de l’image du Christ de Grünewald.
L’œuvre Décor d’Adel Abdessemed appartient à la collection de François Pinault qui l’a mise à disposition du musée Unterlinden pour son exposition.
Le Retable d’Issenheim : un chef d’œuvre de l’art
Les commémorations nationales célèbrent durant l’année 2012 le 500e anniversaire du début de la réalisation du Retable d’Issenheim.
Au début du XVIe siècle, les artistes Nicolas de Haguenau (pour les sculptures) et Grünewald (pour les panneaux peints) réalisent le célèbre retable pour la commanderie des Antonins d’Issenheim, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Colmar. Ce polyptyque, qui ornait le maître-autel de l’église du couvent d’Issenheim avant la Révolution, fut commandé par l’un des supérieurs de l’ordre, Guy Guers, comme le prouvent ses armoiries peintes sur le retable et son effigie sculptée au cœur de la caisse. En l’absence de contrat entre le commanditaire et les auteurs du retable, ces deux indices permettent de cerner la date de commande du retable, entre 1490 et 1516 alors même que Guy Guers est précepteur de la commanderie. Les multiples réalisations de Grünewald et de Nicolas de Haguenau entre ces deux dates laissent peu de marge pour la création du retable. C’est seulement entre 1512 et 1516, tous deux étant libres pour répondre aux exigences de Guy Guers, que le retable a certainement vu le jour.