Le Palais de Tokyo accueille l’exposition monographique d’Asim Waqif, artiste indien né en 1978.
Diplômé en architecture, Asim Waqif a aujourd’hui une pratique tournée aussi bien vers l’art que vers le design. L’urbanisme contemporain et les politiques d’utilisation de l’espace public sont au cœur de son travail.
À l’occasion de sa résidence à SAM Art Projects (septembre – décembre 2012), s’intéresse aux bâtiments abandonnés ou en instance de destruction en région parisienne, ainsi qu’aux zones périurbaines. Son exposition monographique au Palais de Tokyo est l’occasion pour l’artiste d’une intervention in situ dans une zone atypique du bâtiment.
Ses installations se rapportent à la démolition, la déconstruction, l’entre-deux, et sont toujours réalisées in situ, dans des zones pouvant aller d’un fleuve à une zone urbaine abandonnée. Ses œuvres se doublent souvent de longues recherches, allant
de la revitalisation de l’héritage urbain au Rajasthan à la formulation d’une approche écoresponsable des centres de pèlerinage en Himalaya. Une des œuvres les plus récentes d’Asim Waqif, Lavaris Vastu, fut présentée à l’occasion de l’India Art Fair à New Delhi en janvier 2012. Cette installation consistait en un arbre recouvert de sacs suspendus, accompagné d’un message audio, version légèrement modifiée des messages de sécurité publique.
En 2011, avec HELP, Jumna’s Protest, un assemblage de bouteilles en plastique forme les lettres du mot « Help », dans la Yamuna, un affluent du Gange et l’une des sept rivières sacrées d’Inde.
Comme le dit l’artiste lui-même à propos de ses installations: «Vous entrez à vos risques et périls.» Car s’il s’agit surtout d’évoquer des œuvres à parcourir et expérimenter – par exemple Hazard! (2011), effrayants entrelacs orthogonaux de bambous sortant d’un bâtiment qui en soulignent le sous-texte politique. Avec Wasted (2011), Asim Wakif utilise des rebuts en aluminium pour écrire en majuscule et en volume ce mot qui signifie « gaspillé ». Il s’intéresse en effet aux cycles de consommation de la société contemporaine. Asim Waqif cherche à questionner cette société contemporaine qui se tourne vers le futur en oubliant son passé, créant du décalage avec humour : « J’essaie d’utiliser l’absurde comme moyen pour faire réfléchir les gens à leurs peurs et leurs préjugés.» Il utilise de manière récurrente du bambou et de la corde, des matériaux naturels et traditionnels qui, selon l’artiste, tombent de plus en plus en désuétude. C’est ainsi qu’il tente de mêler technologie et tradition, en un geste à la fois poétique et non sans risque.