Le musée d’histoire de Nantes présente pendant trois mois une exposition intitulée « Miroir, mon beau miroir… le pouvoir politique en images hier et aujourd’hui ». En balayant plusieurs siècles, celle-ci propose un parcours riche d’interrogations qui invite les visiteurs à décrypter la manière dont le pouvoir politique se met en scène depuis les modèles mis en place sous la monarchie et comment se construit une image officielle : du costume de sacre aux portraits des présidents de la République, en passant par le buste de Marianne, figure pacifiée de la République, ou encore la caricature.
L’exposition, qui bénéficie de prêts prestigieux, rassemble des peintures, gravures, objets, photographies, affiches… dont les plus belles pièces sont, sans conteste, des portraits royaux et des allégories de la République.
Avec cette présentation qui démarre le 4 octobre, jour anniversaire des 50 ans de la Ve République, le musée d’histoire de Nantes s’attache à renforcer son rôle de musée citoyen en conviant le public à décoder images et messages qui permettent de mieux comprendre la société d’aujourd’hui.
Entre réel et symbolique
Aujourd’hui comme hier, l’image du pouvoir politique oscille entre réel et symbolique. En déroulant
les images du pouvoir dans ses décors et avec ses attributs, « Miroir, mon beau miroir… » amène maintes interrogations.
L’image du pouvoir n’est-elle pas, par nature, contrainte ? Qu’elle soit la représentation d’une monarchie de droit divin, ou d’une République élective, peut-elle être celle de la réalité ? N’est-elle pas une image faussée, composée, pour répondre à une attente et rassurer les citoyens que nous sommes ?
Les représentations du pouvoir politique
Sous l’Ancien Régime, l’image du pouvoir est une image magnifiée. Transformés en divinités antiques, en conquérants, en pacificateurs, environnés des Regalia, les objets symboliques de la royauté, les monarques ne furent sans doute jamais aussi beaux que sur les tableaux censés les représenter.
La Révolution française vint détruire ces symboles. Pour autant, a-t-elle réussi à créer de nouveaux
modèles ? Si le corps du roi a disparu, la République a construit ses propres représentations en réinterprétant les images traditionnelles. Elle emprunte le langage de l’allégorie pour trouver le symbole idéal : une femme incarnant un pouvoir collectif et partagé.
Les portraits officiels des présidents de la République gomment rides, rondeurs, marques de fatigue et n’échappent pas aux codifications. D’une certaine manière, le genre du portrait politique n’est pas réellement renouvelé.
Les oeuvres présentées
Cette exposition d’histoire offre le plaisir du contact avec des oeuvres grandioses. Elle bénéficie de prêts en provenance des collections de grands musées ou institutions : musée du Château de Versailles, musée du Louvre, musée Carnavalet, basilique Saint-Denis, Bibliothèque nationale de France, musée de la Renaissance d’Ecouen, musées des Augustins de Toulouse, musée Gadagne de Lyon, musée des beaux-arts de Lille, musée Napoléon de Cendrieux…
Les Regalia de la basilique Saint-Denis, réalisées pour les funérailles de Louis XVIII, très beaux objets patrimoniaux, sont prêtés pour la première fois.
Le parcours de l’exposition
Le public suit un grand tapis rouge pour arriver à l’espace de l’exposition, au son de « Aux Armes etc », le titre de Serge Gainsbourg.
La présentation de « Miroir, mon beau miroir… » est « rétro-chronologique » : cette remontée dans le temps marque ainsi la manière dont le pouvoir politique mis en scène cherche sa légitimité en s’inscrivant dans une tradition, « une lignée ».
L’exposition comporte trois sections :
- « Incarner le pouvoir » démarre le parcours par les portraits des présidents de la République,
et remonte le temps jusqu’à Louis XIV et les grands modèles du portrait peint créés par la monarchie. Le visiteur découvre une typologie des représentations du pouvoir : portraits en costume de sacre, portraits équestres, allégories de la République, photographies officielles.
La caricature, l’affiche électorale et le rôle de la télévision dans la communication politique
sont également abordés.
- « Occuper l’espace public », la deuxième section, traite des lieux du pouvoir. Du château au palais républicain, de la place royale aux places de la République ou de la Nation, elle
pose aussi les questions liées à leur destruction.
- « Créer une image nouvelle » montre l’invention des nouveaux visages de la Res Publica. La
République va mettre presque un siècle à devenir le régime politique de la France. Contestée et remplacée de 1804 à 1848, de 1851 à 1870, de 1940 à 1944 par d’autres régimes qui en gomment
les traces, elle doit, à chaque fois, reconstruire son image et réinvestir l’espace public.
Cette troisième section évoque également le rôle de l’image de Marianne aujourd’hui dont les modèles sont choisis dans le monde du vedettariat.
La scénographie de l’exposition
C’est Pascal Payeur, scénographe de la Cité de l’immigration à Paris, en collaboration avec Pierre Milville pour le graphisme, qui a signé la mise en espace de « Miroir, mon beau miroir… ». Le parti pris général vise à une grande sobriété de l’ensemble, mettant les oeuvres au coeur de l’exposition. Nombre d’entre elles sont présentées sur de grands chevalets. Les mises en perspective sont privilégiées puisqu’il s’agit pour les visiteurs d’apprécier les changements et les éléments pérennes. Des dispositifs didactiques, sonores et visuels, des bornes multimédias complètent la présentation des oeuvres et des objets.
Autour de l’exposition
Le petit journal de l’exposition
(Somogy, éditions d’art - Château des ducs de Bretagne – musée d’histoire de Nantes)
16 pages. Prix de vente : 6 €
Un livre : « Pouvoirs - Représenter le pouvoir en France du Moyen-Age à nos jours »
(Somogy éditions d’art / Château des ducs de Bretagne – musée d’histoire de Nantes)
Format 28 x 25 cm, 200 pages. Prix de vente : 29,50 €
Publié à l’occasion de l’exposition sous la direction de Ana Claudia Fonseca Brefe et Krystel Gualdé,
cet ouvrage aborde les représentations du pouvoir de manière élargie, au-delà de la seule représentation
politique.
Visites, animations enfants et conférences
Visites commentées - Visites en famille - Visites sensorielles adaptées aux personnes handicapées
Animations enfants : « La petite fabrique de portraits officiels » - Conférences.
Dates et horaires sur le site du Château : www.chateau-nantes.fr
Le Château des ducs de Bretagne, propriété de la Ville de Nantes, est géré par la société d’économie mixte Nantes culture&patrimoine, dans le cadre d’une délégation de service public. La programmation culturelle est soutenue par le Crédit Agricole, partenaire officiel du Château des ducs de Bretagne, et GDF Suez, partenaire du jardin des douves.
Le Château des ducs de Bretagne est membre du comité des grands sites patrimoniaux du Val de Loire.