Après Erwin Wurm en 2008 et Roman Signer en 2012, c'est à Felice Varini, autre artiste de la collection permanente Estuaire Nantes <> Saint-Nazaire, d’habiter le beau volume de la HAB Galerie.
En 2006, Felice Varini découvre le port de Saint-Nazaire et ses perspectives cinématographiques de bassins et de bâtiments industriels. C'est dans ce fantastique terrain de jeu qu'il va réaliser la plus grande œuvre qu'il ait jamais faite jusque là. Il réussit à cette occasion un autre tour de force, symbolique celui là : il fait se retourner à 180 degrés le regard des visiteurs de cette terrasse panoramique qui jusque là ne se posait que sur le paysage - certes fascinant - de la rencontre de la Loire avec l'Atlantique ; le port, activité historique de Saint–Nazaire, était d'un coup révélé.
Explorer le travail de cet artiste magicien à travers une grande exposition à caractère rétrospectif est une gageure. Felice Varini développe un art de l'in situ, il agit en sa qualité d'artiste sur la réalité physique d'un paysage, d'une architecture. Dès ses débuts, il s’est affranchi du cadre de la peinture pour la développer dans l’espace. Paradoxalement, il met à jour le caractère fondamentalement bidimensionnel de la peinture puisque vue d’un point très précis, les fragments peints dans l’espace s’assemblent pour former une géométrie parfaite qui s’impose au regard. En dehors de ce point de vue, c’est l’éclatement de la figure, les volumes de l’espace reprennent le dessus.
Proposer ce type d’exposition à Felice Varini, c'est donc lui proposer une architecture qui lui permette de "rejouer" des œuvres qui ont particulièrement compté dans son parcours, agencer la HAB Galerie en autant d'espaces que d'œuvres. Des premières de 1979 à celles qu'il a développées tout récemment, de ses fameuses anamorphoses peintes à son travail photographique ou au fusain, l'exposition prend la forme d'un parcours labyrinthique dans l’œuvre de l'artiste. Suite d’Eclats en est l’image : une appréhension autant physique que mentale des points de rencontre entre l’espace, la forme et la couleur.
David Moinard, Commissaire de l’exposition
L’exposition se compose d’une vingtaine d’œuvres, et se prolongera à Nantes sur la façade du Hangar à Bananes, dans les cryptes de la cathédrale, et aux Galeries Lafayette.