Douze ans après la dernière exposition consacrée à Sigmar Polke en France, et trois ans après sa disparition à l'âge de 69 ans, le musée de Grenoble présentera du 9 novembre 2013 au 2 février 2014 un important ensemble d'œuvres de l'artiste réalisées entre le début des années 80 et le milieu des années 2000. Essentiellement consacrée à la peinture, cette sélection comprendra néanmoins une section d'œuvres sur papier. Elle a été constituée grâce à l'appui et à la générosité de la Succession Sigmar Polke ainsi qu'aux prêts de nombreuses collections publiques et privées européennes.
Figure de premier plan de la peinture de ces cinquante dernières années, Sigmar Polke (1941-2010) comme beaucoup d'artistes allemands de sa génération a grandi en Allemagne de l'Est avant de passer à l'Ouest en 1953. Après avoir reçu une formation auprès d'un maître verrier, il suit au début des années 60 les cours de l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf, dominée alors par la personnalité charismatique de Joseph Beuys. C'est là qu'il rencontre Gerhard Richter et Konrad Lueg avec qui il fonde le Réalisme capitaliste qui se veut une réponse germanique au Pop- Art américain. Préférant à l'analyse méthodique d'un Richter une approche expérimentale, libre et iconoclaste des éléments constitutifs de la peinture, il s'ingénie à rendre caduques les classifications entre figuration et abstraction, culture classique et culture populaire, sacré et profane...
De fait, tout en s'inscrivant dans les grands courants de la création artistique de son époque, du Pop Art à Fluxus en passant par l'art conceptuel, Sigmar Polke a profondément renouvelé le langage pictural de la fin du XXe siècle. Son désir incessant d'expérimentation touche aussi bien les images dont il met en question la hiérarchie et interroge le mode d'apparition, que le support qu'il active au point de le rendre pleinement constitutif du tableau, ou encore les couleurs dont il traque les potentialités tant physiques que plastiques. Sa démarche se place dans une perspective de revitalisation du pouvoir subversif de l'art en s'appuyant tant sur la déstabilisation des mécanismes de perception que sur le bouleversement des genres et des catégories.
L'exposition rendra compte, à travers les différents médiums utilisés par l'artiste, des recherches qu'il a conduites avec une extraordinaire capacité de renouvellement et un sens inné de l'iconoclasme. Prenant en compte la profonde évolution qui se produit dans sa peinture au début des années 80, elle s'attachera aux œuvres réalisées durant les trois dernières décennies de sa vie. Elle témoignera, sous l'apparent foisonnement des expérimentations, de la très grande cohérence de cette démarche exceptionnelle.