Y-a-t-il des oeuvres qui ne soient pas d’art ?
C’est en s’interrogeant avec Duchamp sur l’essence de la création et ses territoires que le Palais de Tokyo explore les mondes interstitiels, à la lisière de l’art, de la création et de l’invention.
L’exposition Le Bord des mondes invite à un voyage aux confins de la création, en révélant les prodigieuses recherches et inventions de visionnaires au-delà du territoire traditionnel de l’art.
Des créatures de plage géantes de Theo Jansen aux étonnants chindogu de Kawakami Kenji en passant par les poétiques attrape-nuages de Carlos Espinosa, l’exposition invite à emprunter des sentiers interdits et à chevaucher sur la faille qui habituellement sépare la création artistique et l’invention créative.
A la lisière de l’art et de l’invention, l’exposition fait voler en éclats les frontières entre les mondes, entre territoire artistique identifié et mondes parallèles absents du système de l’art, en explorant le fécond précipice qui peut les unir. Questionnant les fondements d’une modernité qui rationnalise, cloisonne les savoirs et les pratiques en excluant des gestes et des idées inclassables, l’exposition s’intéresse aux recherches originales et surprenantes.
Une trentaine de créateurs, pour la plupart extérieurs au champ de l’art, y déploient leurs visions et idées, qui par leur profondeur et leur beauté pourraient pourtant y appartenir. Ni «outsiders», ni «naïfs», pas plus qu’ «hors-normes», ces esprits affranchis explorent des formes inconnues et rafraîchissent notre regard, au-delà des canons et des disciplines. Ce sont autant d’histoires, qui, par leur originalité et leur inventivité, renouvèlent l’attention sur les zones mystérieuses de la création, dans son expression la plus audacieuse.
Ici prévaut l’expérience, la réinvention, le dépassement des clivages.