La SAMOA, Société d’aménagement de la Métropole Ouest Atlantique, créée en octobre 2003 à l'initiative de la Communauté urbaine de Nantes, est le maître d’ouvrage chargé de mener l'opération de renouvellement urbain de l'île de Nantes et de contribuer à la métamorphose de ce territoire composite en un véritable coeur d'agglomération (habitat, activités économiques, commerces, transports collectifs, équipements sociaux culturels, transports collectifs ...).
PLUS D’HISTOIRE
Une ligne de ponts, passage entre Bretagne et Poitou
Au départ, l’île de Nantes n’est pas une île, mais un archipel d’une dizaine d’îlots sablonneux et marécageux, séparés par de petits bras de Loire.
Vers le IXe ou Xe siècle, les rives nord et sud de la Loire sont reliées par une succession de ponts, points de passage obligé entre Bretagne et Poitou. Au départ simples passerelles bâties sur pilotis et reliées entre elles par des chaussées de terre battue, les ponts sont régulièrement détruits par les crues de la Loire, puis reconstruits pour ne pas interrompre le trafic. La pierre ne remplacera le bois qu’aux alentours de 1565 sur ordre du roi Charles IX. La ligne des ponts, à l’emplacement de l’actuelle rue de la Petite Biesse, longue de près de deux kilomètres, est exceptionnelle pour l’époque.
L'île de Nantes, un territoire composite
L’unité géographique de l’île se constitue au fil des siècles par le comblement progressif des bras de Loire. L’île reste pourtant un territoire composite aux identités très contrastées.
Point d’ancrage de la ligne de ponts, la partie centrale de l’île est constituée d'un faubourg traditionnel d'entrée de ville et d’habitat populaire public et privé, souvent très abîmé.
Plus à l’Ouest, côté Sainte-Anne et quartier République, un quartier industriel se développe à partir du XIXe autour d’activités chimiques et portuaires, des chantiers navals, des ateliers Alstom, puis au XXè siècle, de Béghin Say et du MIN (Marché d’Intérêt National).
A l’Est enfin, côté Beaulieu, les prairies inondables sont remblayées et urbanisées après la guerre. A partir des années 60, un nouveau quartier se développe autour du centre commercial Beaulieu et d’équipements publics majeurs comme l’hôtel de Région.
En 1970, le quartier se renforce avec la création d’une seconde ligne de ponts boulevard du général de Gaulle.
Un développement industriel à l'ouest de l'île
Au XIXe siècle, le développement industriel de l’île est fulgurant : le long de la ligne de ponts, s’installent raffineurs de sucre, filatures et fabriques de toiles indiennes, brasseries, tanneries et fonderies. L’industrialisation croissante sur la rive nord de la Loire conduit progressivement les activités de construction navale à se rassembler plus à l’ouest, sur la Prairie-Au-Duc, où elles resteront pendant près d’un siècle. Vers 1950, la construction navale est à son apogée, le site de chantiers regroupe jusqu’à 8000 ouvriers. Dans les années 70, elle est durement touchée par les chocs pétroliers successifs et la forte concurrence asiatique. En 1976, le chantier Dubigeon est le dernier en exercice à Nantes. Il fermera ses portes le 1er juillet 1987, après le lancement du Bougainville, dernier navire construit à Nantes.
Le temps de la réflexion 1989-1997
La disparition du dernier chantier naval est un traumatisme pour la ville, marquant la fin d’une époque. Quand Jean-Marc Ayrault devient maire de Nantes en 1989, l’ouest de l’île est en friche : « La fermeture des chantiers est une blessure pour Nantes, mais le destin de la ville se joue ici. » C’est le point de départ du grand projet urbain de l’Ile de Nantes. Au cours d’une décennie d’études, vont se dessiner progressivement les grandes lignes du projet de l’île de Nantes. Conserver la mémoire des chantiers. La nouvelle équipe municipale décide de préserver et de réhabiliter le bâtiment principal des chantiers, patrimoine industriel, mémoire du travail et du mouvement ouvrier. C’est le premier acte fondateur du projet. Les nefs Dubigeon seront également conservées.
Penser l’île globalement. En 1991, la Ville confie une étude aux architectes-urbanistes Dominique Perrault et François Grether sur le devenir global de l’île en lien avec l’agglomération (1991-1994). Au-delà de la transformation de l’ouest de l’île, émerge l’idée d’une transformation de l’ensemble du territoire.
Placer la Loire au centre du projet. En 1996, le District de l’agglomération nantaise adopte le Projet 2005 « Rives de Loire » qui place le fleuve au centre de la stratégie territoriale. Les études menées conjointement par la Ville de Nantes, le District et l’Agence d’Urbanisme de l'Agglomération Nantaise (AURAN) établissent un diagnostic détaillé de l’île (1995-1997).
En parallèle, la fin des années 90 voit émerger les signes précurseurs du renouvellement urbain. En 1996 la Ville propose à l'Etat d’implanter le nouveau Palais de Justice conçu par Jean Nouvel sur l’île de Nantes. Le premier acte concret du futur de l’île, signe de la ré-intégration de ce quartier dans la ville. L’année de son ouverture, en 2000, la passerelle piétonne Schoelcher établie le lien avec le cœur historique de la ville. Dans le même temps, la gare de l’Etat est transformée en Maison des Syndicats.
Le temps de l'action 1998-2003
Lancer la consultation. En 1998, la Ville de Nantes consulte trois équipes pluridisciplinaires pour imaginer le projet urbain de l’île de Nantes : équipe Bruno Fortier (Crosnier, Bloch, Clair, Hardy) ; équipe Lafbac (Nicolas Michelin et Finn Geipel) ; équipe Chemetoff-Berthomieu. La démarche de l’étude associe les associations et les habitants de l’île pendant une année.
Choisir une équipe. En 2000, l’équipe d’architectes-paysagistes Alexandre Chemetoff/Jean-Louis Berthomieu est choisie. L’espace public constitue le levier de la transformation urbaine.
Porter le projet. En 2001 est constituée la communauté urbaine de Nantes, à qui est transférée la maîtrise d’ouvrage du projet.
Démarrer les travaux. Lancement de la première phase de travaux en 2002.
Piloter le projet. En 2003, constitution d’une société d’économie mixte dédiée au pilotage du projet Ile de Nantes : la SAMOA, Société d’Aménagement de la Métropole Ouest Atlantique.Un projet d’ambition européenne pour la métropole Nantes Saint-Nazaire
L’ÎLE DE NANTES, FAIRE UNE VILLE POUR TOUS
Sur l’île de Nantes, le projet urbain fabrique la ville de demain, accueillant tous les usages -habitat, activités économiques, enseignement supérieur, grands équipements, culture et loisirs, etc. – et toutes les populations, des plus modestes aux plus aisées, des plus jeunes aux plus âgées.
Un territoire à vivre
L’aménagement et la création d’espaces publics constituent la colonne vertébrale du projet. Autour d’eux, c’est toute une vie de quartier qui se développe : places publiques et squares comme lieux de respiration, jardins extraordinaires, berges et quais en bord de Loire. Un nouveau partage de l’espace public limite l’espace laissé à la voiture avec de larges trottoirs et de nombreux espaces cyclables. Les circulations douces, piétonnes et cyclables, sont favorisées sur les berges en bord de Loire ou sur les rues et places nouvellement créées. Deux axes majeurs de transports collectifs structureront les déplacements : la ligne 4 de BusWay du nord au sud ; la future ligne 5 sur l’axe est-ouest.
Pour faire évoluer le tissu social vers plus de diversité, les programmes d’habitat proposent une offre variée et de qualité pour tous les publics : accession à la propriété, locatif social (25% sur les opérations neuves), mais aussi résidence universitaire et foyer de jeunes travailleurs, etc. Pour répondre aux besoins de ces nouveaux habitants, de nouveaux équipements publics de quartier sont progressivement implantés (crèche, école, équipements culturels, etc.). En complément, le renforcement des commerces de proximité s’opère peu à peu.
Si l’île de Nantes conserve une forte tradition industrielle (le MIN, Alstom), elle évolue aujourd’hui vers de nouvelles activités de service et de savoir. D’ici à 20 ans, environ 300 000 m² de surface d’activités seront construits, favorisant notamment le développement d’une économie de la connaissance.
L’essor culturel et touristique est un élément majeur du projet urbain. Par les événements (Estuaire, les Rencontres du fleuve, Ile était une fois, les Ecosolies...), mais aussi avec l’ouverture de nouveaux équipements (nefs de Loire réhabilitées, galerie des machines, Hangar à bananes, etc.). Ces lieux de vie et de culture attirent un public toujours plus nombreux au bord du fleuve.
UN PROJET D’AMBITION EUROPEENNE POUR LA METROPOLE NANTES-SAINT NAZAIRE
Un projet ancré dans le XXIe siècle
Fabriquer la ville contemporaine sur l’ensemble de l’île en respectant ce qui fait l’originalité de son paysage, de sa tradition portuaire et industrielle ; contribuer au développement économique ; constituer une alternative à l’étalement urbain ; renouer les relations d’une ville avec son fleuve ; requalifier l’espace public... Tels sont les principaux enjeux du projet Ile de Nantes.
Nantes a fait le choix d’un développement privilégiant son cœur en renforçant la ville sur elle-même. La Loire devient le lien, le trait d’union entre le centre historique et l’île de Nantes et, plus largement, le symbole du nouvel élan de la métropole Nantes/Saint-Nazaire.
Du quartier à l'Europe, le projet conjugue l'ambition du territoire à toutes les échelles en conciliant qualité de vie et attractivité.
Outre le futur pôle d’affaires européen prévu sur le site du Tripode, l’attractivité du territoire s’appuie sur le développement d’une nouvelle économie de la connaissance organisée autour de plusieurs pôles : pôle juridique (Palais de justice, Maison des avocats), pôle médias (siège régional de Ouest-France, France Bleu Loire-Océan, Télénantes, Nantes 7, Terra Economica, Pulsomatic), pôle santé/biotechnologies (pépinière de biotechnologies BioOuest, extension du CHU, hôtel d’entreprises biotechnologiques), pôle arts et culture (écoles d’architecture, des beaux-arts, Science com et des métiers du livre, Machines de l’île).
Un vrai projet de cœur d’agglomération en somme, ancré dans le XXIe siècle, tout à la fois tourné vers les Nantais et vers l’extérieur. A ce titre, l'Europe soutient activement le projet d'aménagement, au travers des subventions FEDER d'une part (Fonds Européen de Développement Régional), mais également au travers de la participation à trois programmes européens : REVIT (friches industrielles), Concerto (énergie) et Ecce (culture).
Les travaux d’aménagement devraient s’étendre sur une vingtaine d’années.
Un quartier durable
L’île de Nantes se transforme peu à peu dans une démarche volontaire de développement durable. Alternative à l’étalement urbain, l’île de Nantes dévoile une ville dense, irriguée par les transports collectifs et les circulations douces. Une ville où toutes les populations (étudiants, jeunes actifs, familles, seniors) et tous les usages de la ville (habiter, travailler, étudier, consommer, se distraire, se promener ...) trouvent leur place.
Loin de faire table rase du passé, le projet s’appuie sur ce qui existe rendant visibles la ville et les traces de l’histoire. L'île de Nantes reste inscrite symboliquement (force de la mémoire et du travail des associations) et physiquement dans l'histoire industrielle de Nantes. D’anciens espaces ou bâtiments délaissés retrouvent une nouvelle vie (Parc des Chantiers, Hangar à bananes...) ou s’enrichissent d’une architecture contemporaine (Nefs de Loire, Fonderies, etc.) ; les sols pollués sont traités de manière experte et raisonnée, les revêtements existants sont maintenus en place et d’anciens matériaux (pavés, bordures de trottoirs, etc.) réutilisés.
La place donnée au végétal (berges, squares, jardins, rue, etc.), la forte présence du fleuve et le non recours aux pesticides sur l’intégralité des espaces publics témoignent du souci de protection de la biodiversité de l’île. Comment, enfin, veiller au mieux sur les ressources naturelles ? En assurant une bonne gestion de l’eau (systèmes de récupération des eaux de pluie, création de toitures jardins ou autonomie en eau des espaces publics), en limitant les énergies consommées et en développant les énergies renouvelables (centrale photovoltaïque, réseau de chaleur communautaire, etc.).
La méthode de fabrication du projet, une démarche originale
Le projet île de Nantes est porté par une volonté politique forte (Nantes métropole, Ville de Nantes), s'appuyant sur une société dédiée (la Samoa) et une maîtrise d'œuvre du projet urbain (l'Atelier de l'île de Nantes).
C'est un projet ouvert, non figé, capable de se modifier au fur et à mesure des initiatives. Il est le reflet d’un urbanisme négocié avec chacun des acteurs, qu’ils soient publics, privés, associatifs, collectifs ou individuels. Ce jeu d’acteurs constitue le fondement de la méthode de fabrication du projet urbain, tout en prenant en compte les politiques publiques de la Ville et de l’agglomération.
Le plan guide d’Alexandre Chemetoff est quant à lui l’outil de référence - sans être un outil règlementaire -, et l’expression de cette capacité d’évolution du projet. Il reprend les grands axes du projet urbain ; traiter l’île globalement ; s’appuyer sur la transformation des espaces publics ; promouvoir un nouveau rapport au fleuve, révéler l’existant. Ni règle, ni procédure, ce document de référence, régulièrement mis à jour, guide l’action à court terme dans le cadre d’une vision du territoire à long terme.